La Fille du train : critique bouchonnée

Simon Riaux | 7 octobre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 7 octobre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Après le succès public et critique de Gone Girl réalisé par David Fincher, les écrits de la romancière Gillian Flynn sont logiquement devenus un matériau de choix et source d'inspiration pour les studios Hollywoodiens. Après l’échec du médiocre Dark Places avec Charlize Theron, c’est au tour de La Fille du train d’essayer de dupliquer le succès de David Fincher en adaptant un livre de Paula Hawkins, aux thématiques voisines.

LE FLYNN NOUVEAU 

Nous découvrons ici Rachel, femme divorcée et alcoolique, qui espionne quotidiennement son ex-époux, sa nouvelle femme et leur enfant. Quand leur voisine et nounou disparaît mystérieusement, Rachel tente d’apporter son aide, tout en redoutant qu’une de ses récentes beuverie ne l’ait poussé à commettre un geste irréparable.

Spleen banlieusard, dépression, sentiment étouffant de médiocrité, dissimulation et manipulation sont les ingrédients de cette intrigue à tiroirs. Sauf que là où David Fincher avait l’intelligence de réinterpréter le roman de Flynn, tout en distillant dans la narration une énorme dose d’ironie, Tate Taylor (La Couleur des sentiments) se contente ici de cloner les éléments les plus visibles de cette recette très similaire, sans jamais les questionner.

 

Photo Emily Blunt

 

On peine ainsi à voir quels sont les idées qui président à l’avancée du film. Il débute comme une œuvre chorale à la Kagemusha, pour retrouver les rails du téléfilm planplan, après une escale du côté de l’érotisme à la papa avec léchage de doigts inclus, pour finalement sombrer dans le n’importe quoi grâce à un twist probablement imaginé par une otarie daltonienne. La tonalité de l’ensemble s’avère également changeante, tandis que la mise en scène peine à installer des propositions visuelles qui nous permettrait d’accrocher au spectacle qui se déroule sous nos yeux.

 

Photo Rebecca Ferguson

 

CRU BOUCHONNÉ

Plus problématique, l’ensemble se perd régulièrement dans des effets de style aussi ratés que datés, qui semblent issu d’une mauvaise série des années 90, voire d’un bon vieil Hollywood Night faisandé. Ralentis saccadés, cadrages désaxés, accélérés, montage syncopé totalement artificiel… Ne serait-ce son casting, qui en fait des tonnes, on jurerait que le film est sorti il y a une vingtaine d’années.

Ce thriller désincarné, aux articulations mollassonnes et bien trop voyantes ne serait qu’un mauvais film de plus, mais il a l’audace de virer dans son dernier quart d’heure au nanar de l’espace, ce que salueront les spectateurs sur le point de s’assoupir.

 

Photo Haley Bennet 

Après un flash-back particulièrement manipulateur, un personnage prouve, à l’occasion d’une scène parfaitement hallucinante, qu’un tire-bouchon est parfois beaucoup plus efficace qu’une tronçonneuse quand il s’agit d’élaguer son prochain, bruitage et giclures à l’appui.

Produit pensé pour repiquer la réussite de Gone Girl, La Fille du train s’inspire malheureusement d’un texte beaucoup moins maîtrisé et le transpose sans jamais l’adapter, transformant un récit efficace en une machinerie lourdaude et inepte.

 

Affiche

 

Résumé

Ce succédané de Gillian Flynn est sacrément bouchonné et risque fort de plonger dans le coma les spectateurs assez audacieux pour se l'enfiler d'une traite.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(2.4)

Votre note ?

commentaires
Alix84
06/11/2016 à 09:22

Je pense qu'un erratum aurait été plus honnête intellectuellement.
Combien de critiques ai-je lu qui citaient des livres et romans biens où mal adaptés à tout va pour donner l'illusion d'une érudition totale afin peut-être de légitimer leur position et l'autorité de leurs avis...
Je n'accuse personne ici mais ça soulève des questions. Il se peut néanmoins que l'auteur de l'article ici ait réellement lu le livre mais qu'il ait fait la fusion entre l'ambition stylistique du film dans le sillage de Gone Girl et les livres qui en sont à l'origine.

DJ Fest
28/10/2016 à 08:55

Une otarie daltonienne ?

(?)

Boddicker
10/10/2016 à 10:52

Comment ça!? ça vous étonne?
Il n'y avait qu'a regarder la bande annonce diffusée il y a quelques mois, tout y était déjà :)

Milady
08/10/2016 à 16:44

Le film est plus ou moins intéressant, mais le jeu de Emily Blunt est à couper le souffle! Grande actrice.

Trashyboy
07/10/2016 à 18:55

Ah ben merde alors, moi qui m'enthousiasmais à l'idée de le voir, vais y aller à reculons pour me faire ma propre idée...

Cervo
07/10/2016 à 18:42

Effectivement il y a eu modification.
Mais bon, en gros le gars s'est planté sur deux formules. Bon. Ok.

ça ne change strictement rien à l'analyse, puisque le film a été vendu comme "le nouveau gone girl". C'est une erreur d'inattention quoi je vois pas bien le scandale ou le motif d'hilarité. Au final, le raisonnement se tient. Se tient d'autant plus que ce n'est pas la base de la critique, juste une comparaison, il dit surtout que c'est mal raconté, vieillot et moche. La source de l'adaptation est secondaire là dedans.

Mais faut croire que les petits génies qui jouent les justiciers du net ont l'indignation facile.

Smithie
07/10/2016 à 18:21

Y a un "retombage" sur ses pieds de l'auteur de la critique, donc oui ça a été modifié et ça rend le truc encore plus hilarant d'ailleurs

Alfred
07/10/2016 à 17:58

Y a eu des modifs dans le texte, ou Towanda, smithie et mais euh! n'ont pas lu la critique ??
J'y perds mon latin...

Mayazoe
07/10/2016 à 17:56

De toutes façons le roman n'était déjà pas sensationnel, je n'ai jamais compris le succès qu'il avait eu car pour moi, il s'agit d'un mauvais polar un peu trop inspiré des Apparences (Gone girl pour le film).

mais euh !!
07/10/2016 à 16:46

donc en fait le rédacteur construit toute sa critique en faisant un parallèle avec le bouquin... qu'il n'a donc pas lu... peut être n'a t-il pas vu non plus le film :-)

Plus
votre commentaire