Bridget Jones Baby : Critique célibattante

Grégoriane Benoit | 5 octobre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Grégoriane Benoit | 5 octobre 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Bridget Jones a 43 ans, est seule et compte bien ne plus se laisser abattre. Après des vacances mouvementées et une nouvelle aventure avec Mark Darcy, la voilà enceinte et deux hommes sont en lice pour la paternité.

Après une révolution romantique dans son premier opus et une baisse de régime dans le deuxième, Bridget Jones Baby tente un renouvellement de sa structure classique et modernise son univers plus de dix ans après. Alors réussite ou catastrophe ? 

Peut-on encore faire des suites plus de dix ans après, rien ne semble moins certain, sauf peut-être pour les comédies romantiques où l’âge des personnages récurrents évoluent fatalement avec celui du spectateur ? C’est un peu ce que Bridget Jones Baby tente de faire dans un grand retour au cinéma, prêt à enchanter les fans de la saga. Et si une odeur de nostalgie pure arrive inévitablement à nous séduire devant ce troisième opus, les évolutions de notre époque et le rajeunissement semblent totalement hors de propos.

 

Photo Renée Zellweger

 

Un renouvellement dont personne ne veut

 

Les premières notes de « All By Myself » résonnent déjà que la nouvelle Bridget Jones met fin immédiatement à la musique au profit d’un son bien plus moderne, bien ancré dans notre époque 2016 et ainsi annonce à son spectateur que le début des années 2000, c'est fini. Mais nous ne nous y trompons pas car Bridget Jones Baby ne peut fonctionner qu’en faisant vibrer la corde sensible des anciens souvenirs et reprises des précieux gags qui avaient fait les beaux jours des deux premiers opus.

Le malaise est ainsi présent durant tout le film : choisissons-nous le renouvellement, quitte à dire adieu à tout ce que nous aimions, ou jouons nous sur les valeurs sûres mais prévisibles de la recette Bridget Jones. Nous aurions tendance à dire que l’innovation est encore ce que le public demande mais dans le cas des aventures de la célèbre trentenaire (maintenant quarantenaire) loufoque, c’est la nostalgie qu’il recherche et le film en a parfaitement conscience.

 

Photo Renée Zellweger

 

Inévitablement, il tombe dans ses bonnes habitudes et petits gags que nous adorons tous mais fait l’erreur de modifier certains éléments pour nous assurer que les choses ont changé et c’est à ce moment là que Bridget Jones cesse de fonctionner. Les premières 30 minutes ne sont qu’un enchaînement de situations peu vraisemblables et à peine drôles où rien ne se passe vraiment. D'ailleurs la réalisatrice Sharon Maguire est de retour et continue dans sa mise en scène classique et efficace qui n'est à côté de la plaque que lorsqu'elle tente de faire autre chose : en découle une impression que les scènes arrivent quelques secondes trop tôt ou quelques secondes trop tard mais ne sont jamais dans le bon timing. 

 

Photo Renée Zellweger

 

Out les nouveaux personnages

 

L’introduction de Patrick Dempsey, à l’image de son rôle dans le film, arrive perpétuellement de manière improbable et en ce sens le film ne peut s’empêcher d’user de coïncidences lourdingues et franchement peu croyables. Aussi charmant et parfait que soit ce personnage, il sait qu’il n’a pas sa place dans Bridget Jones et ne parvient jamais à obtenir une légitimité face à Colin Firth, alias Mark Darcy, tel qu’on l’a toujours connu, froid et émotionnellement indisponible.

Certains personnages secondaires parviennent tout de même à donner le change et sont finalement ceux qui nous offrent les moments les plus drôles du film : mention spéciale donc à l’incroyable Emma Thompson en gynécologue féministe et cynique, dont la simple présence éclaire le paysage moderne et fade de Bridget Jones. Même dans la nouveauté, les anciens restent la valeur sûre du film.

 

Photo Colin Firth

 

Une valeur sure pour les anciens

 

Cependant, ce nouveau Bridget Jones est inévitablement destiné au succès car il réunira une nouvelle fois un public d’habitué qui ne pourra pas sortir de la salle de cinéma sans des étoiles pleins les yeux. S’il a très peu de chances de convaincre les nouveaux venus qui n’ont pas conscience de l’ancien phénomène, à l’image de son film qui traite sans aucune subtilité la génération Y, Bridget Jones Baby plaira toujours à la génération précédente qui a grandi avec ses acteurs et se retrouvera parfaitement dans ce nouveau portrait réalisé d’une femme plus mature et plus assumée. 

Finalement, Bridget Jones Baby n'est ni une révélation, ni un ratage complet, c'est une comédie romantique efficace avec une Renée Zellweger toujours en forme, un Colin Firth absolument irrésistible et quelques trouvailles drôlissimes mais malheureusement trop peu présentes. 

 

scène

Résumé

A l'aise avec ses vieilles amourettes, beaucoup moins avec l'évolution des modes, Bridget Jones Baby a ce ton appréciable d'une époque révolue qui plaira certainement à un spectateur amoureux de la saga, appartenant à la même génération que son personnage. Les nouveaux spectateurs devront certainement passer leur chemin au risque de voir une énième aventure romantique, drôle, parfois hilarante mais souvent à côté de ses gags.

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commentaires
Soylent green
16/10/2016 à 14:12

Le film est vraiment drôle. Que demander de plus.

Évidemment, il faut aimer les romcom anglaises.

botox
07/10/2016 à 12:33

J'ai pas reconnu Renée Z immédiatement, elle est méconnaissable après la chirurgie.
Le film recycle et ne créer rien, même les quelques passages musicaux " en vogue " ne peuvent rien pour combler la platitude de l'histoire. Sans grain de folie, je me suis vraiment ennuyé.

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