Peter et Elliott le Dragon : critique d'un classique de l'émotion

Grégoriane Benoit | 22 décembre 2022
Grégoriane Benoit | 22 décembre 2022

Peter et Elliott le dragon est ce soir à 21h05 sur Gulli.

Après son séduisant Les Amants du Texas et avant le superbe A Ghost Story, le réalisateur David Lowery, plus habitué au festival de Sundance, revient dans son premier blockbuster, remake live et non musical de l’œuvre de 1978 devenue culte pour tous les amoureux des Walt Disney. Peter et Elliott le dragon saura-t-il convaincre un public attaché à ses classiques ?

ENTRE BLOCKBUSTER ET AUTEUR

Avec un budget estimé à 65 millions de dollars, le nouveau remake live de Disney se place bien loin derrière son prédécesseur Alice de l'autre côté du miroir qui triplait largement la somme sans compter les frais de promotion. Les studios ont donc pris un risque moindre pour cette production qui se partage entre les visions personnelles fortes de son réalisateur et un cahier des charges évident imposé par Disney. Dans l’ensemble le résultat est cohérent même si l’on sent rapidement le tiraillement de Lowery entre son envie de produire un mélodrame intimiste et les explosions grand spectacle d’une œuvre Disney qui s’assume.

 

PhotoUne lueur dans la nuit

 

Si Lowery a abandonné l’idée de la comédie musicale, la bande originale n’en est pas pour autant absente mais quasi-systématique. Elle provoque parfois des décalages presque grotesques entre les envolées symphoniques de Daniel Hart, vecteurs d’émotion et les chansons country comblant les déplacements des personnages, transformant le film en un pastiche de road movie indépendant qui ralentit considérablement l’action et la plombe plus qu’autre chose.

Cependant Peter et Elliott le dragon amène le sentiment qu’il n’est pas un film comme les autres et qu’il s’apparenterait presque plus à l’œuvre d’un auteur qu’à un simple remake réalisé par un faiseur sans personnalité. Car il y a de véritables trouvailles de mise en scène et le style de Lowery émerge de l’image lorsqu’il s’enfonce dans l’obscure clarté de cette forêt magique, lieu de rendez-vous merveilleux entre Peter et son dragon. À cet instant nous touchons du regard d’intenses moments de cinéma pur où le cadre est minutieusement construit et la photographie végétale cohabite parfaitement avec le surnaturel.

 

Photo Robert RedfordRobert Redford est là

 

GARE AUX CLICHÉS ! 

Habitué à ses duos de protagonistes, David Lowery sait parfaitement capter l’essence relationnelle de deux êtres "en fusion" quitte à mettre de côté les personnages secondaires qui ne sont que des faire-valoir.

Car hormis, Peter et Elliott, aucun personnage n’a véritablement un rôle principal. Et c’est à ce moment que le classicisme disneyen devient le plus exaspérant. Nous bassinant avec des valeurs familiales toujours naïves, le film condamne ses personnages secondaires aux schémas archétypaux gênants centrés sur tout ce qu’il y a de plus positif chez l'humain. À ce titre, Bryce Dallas Howard, en mère adoptive parfaite et défenseure des forêts devient rapidement agaçante et d’une niaiserie peu supportable. Il faut cependant noter que cette fois, elle nous aura fait grâce des talons aiguilles pour s’aventurer dans la forêt et nous en sommes ravis.

De son côté Robert Redford, en vieux sculpteur de bois et conteur que personne ne croit, joue sa part du contrat mais ne livre pas une interprétation digne du grand monsieur qu’il est. Plutôt absent de la plus grande partie du film, il se rattrape pour les dernières trente minutes.

Le seul intérêt relationnel des personnages secondaires est celui qui confronte Wes Bentley et Karl Urban, deux frères qui ne se comprennent plus et dont les paroles mal placées entraînent une succession d’événements dramatiques et amènent une certaine ambivalence pour l’antagoniste et « grand méchant » du film, Gavin (Karl Urban).

 

Photo Bryce Dallas HowardUne famille parfaite, chouette

 

UN ENFANT SAUVAGE ET SON DRAGON 

Mais au final, cela ne fait pas une grande différence pour le spectateur qui n’est venu voir que deux choses : Peter et Elliott. Et à ce niveau-là, David Lowery a su parfaitement restituer, voire même dépasser la force de cet amour/amitié du film original entre l’enfant et son dragon. Le remake n’en n’est presque plus un puisqu’il transforme son Peter en enfant sauvage qui doit se ré-adapter à la vie en société.

Et Elliott a bien changé depuis le film de 1978, puisqu’il n’est plus un dessin animé mais bien réel… Enfin dans l’apparence, car il est entièrement conçu en images de synthèse tout droit sorti des studios WETA appartenant à un certain Peter Jackson. Alors oui, Elliott n’a plus « la tête d’un vrai chameau, le cou d’un vrai crocodile et les oreilles d’une vache » (vous aussi vous fredonnez ?) et même qu’il ressemble étrangement à un cousin tout blanc du nom de Falkor et qui lui aussi a bien bercé nos années d’enfance dans L'Histoire sans fin !

 

bande-annonce

 

Mais passé les deux premières secondes, le charme opère immédiatement, Elliott est un adorable dragon expressif, beau, drôle, émouvant et tout en fourrure que l’on aimerait ramener chez soi au point que l’on oublie qu’il n’est pas réel. Il est même d’autant plus attachant qu’il est l'égal de Peter à l'écran et revêt un rôle bien plus important que dans l'original. 

D'ailleurs, l’interaction des deux personnages est de loin la plus grande richesse du film. Ils sont tous les deux vraiment touchants et Oakes Fegley, petit génie du grand écran nous bouleverse avec son interprétation criante de justesse et de vérité. Là où le film de 1978 nous émeut encore par son caractère nostalgique, ce nouveau film de David Lowery nous ébranle par une émotion sincère, intense et qui assume parfaitement son premier degré permanent, sans l’ombre d’un quelconque cynisme.

Le spectateur qui va voir ce film saura qu’il plonge dans un Disney traité de la manière la plus classique possible et acceptera les codes d’un scénario conventionnel. Destiné aux enfants, aux amoureux de l’original mais aussi aux plus vieux enfants amoureux des Steven Spielberg, Peter et Elliott le dragon saura convaincre un public ciblé qui recherche une aventure familiale et nostalgique où l’émotion est au centre de tous les enjeux. 

 

Affiche

Résumé

Malgré quelques longueurs et le traitement très classique d’un Disney, Peter et son dragon, vous entraîneront dans une aventure émotionnelle intense dont vous sortirez la larme à l’œil. 

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commentaires
Flo
12/05/2023 à 20:42

Dans la lignée du Livre de la jungle de Favreau (et en commençant là où celui-ci n'a pas voulu finir), ce remake utilise aussi un enfant sauvage hurlant comme un loup, pour réinventer la fable chantante hystérique de 1977.
Plus de famille Cogan plouc, plus d'Amérique portuaire caricacturale, on est frontalement mis face à la tragédie avec plus de réalisme, plus de douceur...
Mais on reste dans un conte américain, alors forcément, pour David Lowery, les chansons seront des airs folks (non déclamés par les acteurs), les travailleurs en petite précarité, les vieux sages auront la tête de Robert Redford...
Et les dragons surnaturels seront de gros chiens colorés, mélange entre du Jack London et... Clifford.
Conte pour enfants oblige, les personnages sont réduits à des archétypes à peine définis mais très reconnaissables, n'empiètant pas ainsi sur la capacité du réalisateur à mettre en scène des moments d'une émotion intense, toutes les dix minutes.
Beau à pleurer. Et à rire aussi, dans le commentaire audio de Lowery avec les gamins, qui balancent vannes sur vannes.

@tlantis
22/12/2022 à 19:26

Le mérite , rien à voir ou presque avec l’original en comparaison des roi lion , Aladin et autres merd….e.
Mais bon je suis un vieux et l’original est un classique pour moi donc difficlf de regarder celui la

Le Waw
25/02/2019 à 11:50

Une belle réussite qui est en plus loin d'entacher la mémoire de l'originale et parvient à parfaitement se différencier.

Poloce
24/02/2019 à 23:37

Quel film merveilleux ! Je viens juste de le voir, c tellement émouvant ! Je suis prête à le regarder une seconde fois ! Bravo au réalisateur...

MystereK
21/08/2016 à 20:07

Très beau film, même s'il s'agit d'un vecteur aux valeurs typiquement disneyenne, mais on est quand même pris par l'émotion. Le dragon est une réussite presque parfaite, on y croit totalement alors que dans de nombreuses productions plus chères, les créatures font plus artificiels.

jvp2211
19/08/2016 à 17:35

Je viens d'aller le voir,très beau film,le dragon est très bien je trouve et le film est de loin meilleur que Le Livre De la Jungle de John Faverau après à chacun son enfance.

Tauxieros
18/08/2016 à 01:25

puis le dragon a tête de chien n'est pas une fantaisie made in Disney mais surtout directement tiré du folklore oriental...

Grégoriane Benoit
15/08/2016 à 12:37

@BelXander

La tête de chien est, je pense, totalement volontaire. Puisque l'idée de l'animal de compagnie est la première volonté du film.
Après, un dragon à poil et à tête de chien, L'histoire sans fin l'a déjà fait mais cela ne peut pas plaire à tout le monde.

Encore faut-il voir le film pour comprendre pourquoi le dragon, au-delà de son physique "hors norme" (pour un dragon hein !) est vraiment attachant et nous convainc malgré tout.

champy
15/08/2016 à 10:43

Ha ha ha ha ha ha ha ...MDR ... Oups! Pardon!!!

BelXander
15/08/2016 à 02:48

Perso, je suis absolument pas fan du dragon, qui n'a pas du tout une tête de dragon...
Dans l'original, il était particulier aussi, mais ça passait en dessin-animé. Là ça fait bizarre, on croirait une tête de chien un peu. Sur l'image où il poursuit Peter dans l'eau c'est flagrant. On prend que la tête et on la montre à quelqu'un qui n'aurait pas vu les bande-annonce du film en lui demandant de deviner quel animal ça peut être, je doute que la personne réponde instantanément que c'est un dragon. Et ce qui ajoute encore à ce sentiment, c'est qu'il a des poils... Sérieux, un dragon à fourrure... Je sais pas qui a eu l'idée de ce design, mais je trouve ça bien pourri. Autant prendre la bête de The Last Guardian.

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