Amityville: The Awakening : Critique du diable

Christophe Foltzer | 22 octobre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 22 octobre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Quand on parle de films maudits, plusieurs exemples nous viennent immédiatement en tête. Mais aucun d'eux n'a connu de destin plus cruel que ce nouvel Amityville, censé à l'origine donner un coup de fouet à une saga qui prenait la poussière depuis de nombreuses années.

Amityville fait partie de ces petits classiques du cinéma d'horreur qu'il ne vaut mieux pas revoir aujourd'hui. Non que le film de Stuart Rosenberg de 1979 soit un mauvais film mais, selon les standards de notre époque, il risque d'arracher quelques baillements à de nombreux jeunes spectateurs. Depuis le remake de 2005, la franchise semblait au point mort, ce que l'on peut comprendre tant le film partait dans le n'importe quoi et privilégiait le jump-scare et l'horreur un brin sale au profit d'une vraie histoire.

Cet Amityville : Le réveil arrive donc à point nommé pour donner un petit coup de fouet à la saga et nous rappeler qui est le patron quand on parle de maison hantée. Enfin, tout ce que l'on vient d'écrire aurait été valable au moment de la sortie initialement prévue du film, en septembre 2014 (!). Mais voilà, le film, tourné depuis plus de 4 ans, a connu un parcours chaotique, se voyant annulé à plusieurs reprises pour finalement se retrouver en accès libre sur GooglePlay depuis le 21 octobre et jusqu'au 8 novembre prochain. Et rien que cela devrait nous mettre la puce à l'oreille.

 

Photo Jennifer Jason Leigh, Bella Thorne

 

SATAN L'HABITE

Pourtant, le film écrit et réalisé par Franck Khalfoun (Maniac, pour ceux qui ne croient toujours pas que c'est en fait Alexandre Aja qui l'a réalisé) commence plutôt bien avec cette nouvelle famille qui vient s'installer dans la fameuse maison, 40 ans après les évènements tragiques qui ont conduits Ron DeFeo à abattre toute sa famille. La particularité, outre Belle qui est une ado gothique un peu rebelle, c'est que son frère jumeau James est dans un état végétatif depuis quelques années et que ce déménagement le rapprochera d'un hopital compétent qui pourrait aider à le soigner, même si, mis à part sa mère Joan, personne n'y croit vraiment. Pourtant, il faut bien se rendre à l'évidence, depuis qu'il habite là, James semble aller de mieux en mieux tandis qu'en parallèle il commence à se passer des évènements particulièrement étranges dans les couloirs de la maison.

 

Photo Bella Thorne

 

L'amateur de ce genre de films ne sera pas surpris de la suite de l'histoire, qui colle parfaitement au cahier des charges malgré quelques tentatives de surprises qui tombent toujours un peu à plat. Il faut dire aussi que Franck Khalfoun ne semble jamais se décider vraiment sur le genre de film d'horreur qu'il veut nous proposer. Alors qu'il installe son postulat en utilisant des visions fugaces et inquiétantes qui fonctionnent à merveille (un peu comme ce que faisait le très bon Ouija 2) en utilisant la profondeur de champ et le bord de son cadre pour générer la peur, il se réfugie très rapidement dans le jump-scare typique des films d'horreur de notre époque, annihilant toute forme de suspense ou de terreur possible. Ayant constamment le cul entre deux chaises, Amityville : Le réveil en vient à se débarrasser de toute identité et de toute saveur pour n'être qu'au final une tentative de train fantôme ratée qui accumule les incohérences et les fautes de goût.

 

Photo

 

HEAVY META

Si sur le plan de la mise en scène, Khalfoun tente des trucs et que cela ne marche qu'une fois sur trois, le vrai problème du film se situe dans son scénario qui ne se décide jamais sur ce qu'il veut nous raconter. Il nous présente trois axes particulièrement intéressants (la relation entre deux jumeaux teintée de culpabilité, le refus d'une mère de se rendre à l'évidence concernant l'état de son fils, l'intégration d'une adolescente dans une communauté qui l'ostracise parce qu'elle vit au mauvais endroit), qui pourraient donner trois films entiers tant les sujets peuvent être passionnants mais qui se retrouvent concassés pour tenir en 1h30 de métrage.

Résultat : on passe d'une thématique à l'autre en ne retenant que ce qu'il y a de plus cliché, on ne s'identifie jamais aux personnages et surtout, cela détruit toute tentative de créer une vraie atmosphère de trouille. On se retrouve avec une Jennifer Jason Leigh en mode hystéro-bigote qui nous rabache la même ligne de dialogue à chacune de ses apparitions, une Bella Thorne monolithique et visiblement peu concernée par l'intrigue (quand elle n'est pas en dessous sexy) et cette sale impression que les évènements qui se déroulent n'ont pas d'impact sur les personnages (qui vivent une horreur toutes les nuits mais qui semblent tout oublier dès qu'il fait jour).

 

Photo Bella Thorne

 

Le gros problème au-dessus de tout cela, c'est le rapport qu'entretient le film avec la saga à laquelle il appartient puisqu'il se la joue gentiment méta. Alors qu'en préambule on nous explique l'histoire tragique des DeFeo et que l'on s'attend donc à retrouver quelques moments clé du mythe Amityville, un personnage nous sort rapidement le DVD du premier film, puis le bouquin dont il est adapté, comme référence pour tenter d'expliquer ce qui se passe. On se retrouve donc avec des lycéens qui regardent Amityville dans la maison hantée, avec un petit discours sur les suites à rallonge et les remakes pourris. Pas forcément une idée de génie quand on rate son film. Et extrêmement prétentieux.

On en arrive à un parfum étrange où les films précédents et le roman sont donc la base de la réalité, alors que les libertés prises avec le fait divers réel ont été pointées du doigt depuis presque 40 ans. La pilule passerait davantage si Khalfoun reprenait à son compte quelques grands moments incontournables, comme Jodie ou encore le hangar à bateaux, mais il ne semble pas avoir compris la mythologie de la franchise et ne se sert jamais de ces évènements marquants et attendus. Sans parler du fait que le film s'empêtre dans un discours bondieusard des plus gênants avec un petit discours bien foireux sur la foi en bonus. A ce stade, on se dit qu'Amityville : Le réveil est avant tout une entreprise des plus opportunistes et qu'elle mérite bien son sort.

 

 

affiche 2

 

 

Résumé

Bancal dans son scénario comme dans sa mise en scène, Amityville : Le réveil est clairement un film malade qui a subi plusieurs formatages pour plaire aux modes actuelles. Las, à force de vouloir aller partout, il ne termine nulle part. Et c'est bien fait pour lui.

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commentaires
Westbaba
27/10/2017 à 14:53

Shits dirty

SABATA59
26/10/2017 à 01:35

Une bonne grosse ''daube'' certes;mais je trouve qu'au-delà de sa plastique parfaite,mise en vitrine à la moindre occasion,l'interprétation de Bella Thorne reste le point relativement fort de cette ''purge'',tout comme elle l'était dans son dernier film ''BABY-SITTER''.

west666
23/10/2017 à 07:08

vu en vo c'est une purge sans nom pas grand chose a sauver

Jimbo33
22/10/2017 à 14:33

Vous l’avez choper ou ? Car je le trouves pas sur Google play

Gregdevil666
22/10/2017 à 12:33

Pareil vu hier, vraiment mauvais. Dommage, d'autan plus que j'avais aimé son remake de Maniac.

Entre Chucky, Leatherface, Amityville, Freddy, Vendredi 13 j'en passe et des meilleurs les sagas horrifique des année 80,90 sont massacrées par des soi-disant "fans", des gars qui déclarent "avoir parfaitement saisi le matériau d'origine" de la saga, et blablabla....

Constat rien à sauver de tout ces échecs cuisants.

dany15
22/10/2017 à 11:43

Vu hier, une belle grosse daube

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