Batman v Superman : L'Aube de la justice - critique mythique

Simon Riaux | 26 avril 2023 - MAJ : 27/04/2023 10:46
Simon Riaux | 26 avril 2023 - MAJ : 27/04/2023 10:46

Quand Batman v Superman : L’Aube de la justice est sorti dans les salles, après Man of Steel, il avait une mission herculéenne à remplir : lancer l’univers étendu de DC Comics sur grand écran, réconcilier Warner avec le box-office, et s’imposer face au modèle Marvel, tout en rendant crédible un choc de titans qui défie l’imagination. Zack Snyder est-il entré au panthéon des super-héros avec le Superman de Henry Cavill, le Batman de Ben Affleck, le Lex Luthor de Jesse Eisenberg et la Wonder Woman de Gal Gadot ?

Et notre critique de la version longue de Batman v Superman, c'est par ici.

ZACK L’EVENTREUR ?

On pouvait légitimement craindre que le réalisateur de Man of Steel soit contraint de s’aligner sur la recette établie avec succès par Disney. Et si le cinéaste ne parvient hélas pas totalement à y échapper, force est de constater qu’il trace un sillon bien différent, et enterre littéralement la concurrence. C’est bien simple, au cours de la décennie qui vient de s’écouler, rien n’arrive à la cheville de Batman V Superman, en termes d’ambition et de construction mythologique.

 

 

Car c’est bien là que le blockbuster marque quantité de points et se démarque du tout venant de la production Hollywoodienne. Incarné par un Ben Affleck ivre de colère, son Batman est un justicier brutal, obsédé par sa mission vengeresse, qui hante les bas-fonds de Gotham. Superman, véritable demi-dieu dont les actions affolent les humains, jouit d’un traitement qui fera peut-être glapir les fans aveugles du canon DC, mais qui explore brillamment les symboles qu’il charrie.

 

Photo Henry CavillSuperman, entre ombre et lumière

 

Car Batman v Superman : L’Aube de la justice est une œuvre réellement mature et complexe, profondément Nietzchéenne. À travers l’implacable confrontation entre deux super-héros que tout oppose, Snyder explore la problématique du surhomme, la question du dépassement de soi, tout en auscultant de grandes questions politiques. Son Batman v Superman : L’Aube de la justice ne se contente ainsi pas de recracher bêtement les images du 9/11 inscrites dans l’inconscient collectif, il les met en perspective et nous interroge sur leurs conséquences.

Les super-héros ne sont pas ici des post-adolescents, à la vanne facile, mais des êtres exceptionnels, croulant sous les questionnements, les incertitudes, l'obligation morale de tenir bon. Loin des tourments parfois un peu artificiels d'un Christopher Nolan, Zack Snyder ramène ses personnages à leur dimension mythique, entre Olympe et Valhalla.

 

Amy Adams Henry CavillSuperman et sa Lois

 

SON ET LUMIERE

Le duel entre Ben Affleck et Henry Cavill devient dès lors un débat passionnant et superbement incarné à l’écran, entre le bien commun, la problématique de la guerre préventive, et la notion de dissuasion. Pour ce faire, Snyder laisse libre cours à tout son arsenal esthétique.

On retrouve ainsi le metteur en scène de 300 en pleine possession de ses moyens. Composant un monde riche d’images inoubliables, comme en témoigne son premier quart d’heure, plongée en apnée dans un univers incroyablement cinégénique, dont la moindre image vrille littéralement la rétine du spectateur (à la manière de l’introduction de Sucker Punch), il nous offre une odyssée à l’ampleur souvent phénoménale, voire écrasante.

 

SupermanSuperman jugé par les hommes

 

Il fallait tout son talent, sa connaissance aiguë de l’histoire des images et sa capacité à transformer en matière mythologique tout ce qui passe devant sa caméra pour ressusciter avec autant de puissance le personnage de Wonder Woman. Véritable révélation du film (qui jouit par ailleurs du seul morceau mémorable d’une bande-originale tonitruante), Gal Gadot bénéficie d’une iconisation absolument démente, qui dépoussière instantanément un personnage devenu objet de risée nostalgique depuis bien longtemps.

 

BatmanLa bête Batman

 

MARVEL QUAND TU NOUS TIENS

Mais son traitement est également symptomatique des véritables défauts du film. Car si elle est admirablement filmée par Snyder, l’héroïne est introduite à la truelle dans le récit, comme tout ce qui n’a pas directement trait à l’affrontement entre Batman et Superman. On sent ainsi la panique de Warner à l’idée de devoir rapidement lancer son univers étendu, qui parasite régulièrement le récit, jusqu’à en gâcher le dernier acte.

Batman V Superman abandonne soudain sa puissance, renonce abruptement à sa scénographie, pour revenir sur les rails établis par Marvel et nous inflige une ultime baston numérique, qui frise l’indigestion. Une cruelle déception, qui vient ternir un récit qui jusqu’alors semblait capable de renouveler durablement un genre étouffé par ses propres codes.

 

photo, Gal GadotWonder teasing

 

En témoigne le traitement de Lex Luthor, on attendait beaucoup de Jesse Eisenberg, mais ce dernier souffre hélas du syndrome du bad guy en roue libre, encore accentué par l'importance donné au duel entre Batman et Superman. Rapidement insupportable, le comédien n'a rien d'autre à offrir qu'une version hystérisée d'un personnage célèbre. Censé aérer le récit et lui conférer un peu de légèreté, il ne parvient paradoxalement qu'à l'alourdir.

De même, le rythme du film le dessert et le déséquilibre. Trop long et dur (le classement R a probablement été évité d’un cheveu) pour être un divertissement pop corn anodin, mais pas assez long et développé pour être la fresque épique à laquelle il aspire, Batman V Superman nous laisse donc en partie sur notre faim, comme si le film refusait finalement d’assumer l’épopée qu’il devait être.

 

affiche

Résumé

D'une ampleur et d'une intensité remarquables, cet affrontement de Batman et Superman aux accents mythologiques souffre de scories regrettables, issues de la volonté d'introduire à tout prix un vaste univers étendu.

Autre avis Geoffrey Crété
L'ambition est là, les moyens aussi, mais Batman v Superman souffre d'une écriture atroce, et d'une noirceur artificielle que le scénario n'approfondit ou n'explique jamais. Le charme de Man of Steel a disparu pour laisser place à un film grossier, qui s'écroule sous son propre poids, incapable de manier les deux personnages avec intelligence.
Autre avis Lino Cassinat
C'est vrai, le récit est très sommaire et le design de Doomsday décevant. Pour le reste, Batman v Superman est un défouloir total. Opératique à la limite du grand guignol boursouflé et transcendé par une iconographie baroque remarquable, le film Batman v Superman est terriblement fin et jouissif... et on aurait pas cru écrire ça un jour.
Autre avis Alexandre Janowiak
Batman v Superman a de très belles choses à dire et une histoire passionnante à raconter sur la papier. Dommage qu'il le fasse avec un scénario bâclé, un montage illisible, une mise en scène décevante et surtout une photographie si sombre qu'on ne voit strictement rien à plusieurs reprises.
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Lecteurs

(3.8)

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commentaires
Rico 74
27/04/2023 à 14:55

Très bon moment passé à regarder ce film. Épique, assez sombre, bien loin de certaines comédies de Marvel. L'un des meilleurs films de super-héros.

DjFab
27/04/2023 à 11:40

Un des meilleurs films de super-héros !

banban
26/04/2023 à 19:55

Difficile de trouver SvB nul après les étrons Shazam! (le 2 surtout) et l'épouvantable Black Adam, mais quand même, c'est bien loin d'être mythique (ou alors juste sur le papier).

Oh et puis ça veut aussi dire revoir Jesse Eisenberg en Lex Luthor, rien que pour ça c'est un "no go".

Ethan
16/09/2022 à 22:21

Batman vs superman rien que le nom ça sent.le film tout pourri

Flash
16/06/2022 à 22:57

La version courte est médiocre, la version longue plus cohérente, mais au final ça ne donne pas un grand film.
Affleck est parfait en Batman version « Dark Knight », esenberg est juste insupportable et il pollue une bonne partie du film.

Emperorkouado NM
16/06/2022 à 22:05

Je vais essayer de faire une critique plutôt courte, à la différence des trois bandes-annonces hyper détaillées, des douze trailers et de la campagne de promotion hyper violente qui a accompagnée la sortie du film.

Si on veut faire simple, Batman v Superman n'a qu'un seul problème, qui occupe bien malheureusement tout l'espace.

Je ne suis pas particulièrement fan de la filmographie de Zack Snyder sans pour autant la détester, à part peut-être dans 300 que je ne peux vraiment pas voir. Pour le coup, j'ai plutôt apprécié le côté graphique et les nuances de couleurs de ce film et de nombreux plans assez intelligents mettent bien en avant la démesure et les rapports de force entre les personnages.

La symbolique joue d'ailleur un rôle relativement important dans l'oeuvre qui se veut être beaucoup plus politique tout en passant par la case religion du fait, forcément, de la place de Superman dans cette nouvelle société après Man of Steel.

C'est dans ce contexte qu'arrive Lex Luthor, et dans ce contexte que les soucis débarquent réellement.

Batman v Superman a été écrit avec ... avec ... je ne trouve pas de mots.
Le long-métrage aurait pu marcher, certes, mais pas maintenant, car il y avait beaucoup, mais vraiment beaucoup trop de choses à mettre en place pour un film de 2h30. Beaucoup de nouveaux personnages à présenter ou à présenter à nouveau car non, un changement d'acteur n'est pas qu'un changement d'acteur, beaucoup de relations sont à définir ou à redéfinir, et tout ça, malheureusement, n'est pas possible, que ce soit dans cette version ou dans la director's cut de 3 heures.

Résultat ?

Les scènes sont décousures et s'enchainent parfois sans trop de sens, certains protagonistes ont leurs objectifs et motivations mal voire très définis, certaines situations sont grotesques et Loïs Lane... ouais on s'interrogeait déjà sur ses réactions stupides avant.
Tout ceci fait qu'on manque énormément de mise en contexte et que de nombreuses questions se posent encore à la fin de la projection sur l'intérêt de ce long-métrage.
C'est d'autant plus dommage que les acteurs font le boulot. Ben Affleck, pour ceux qui en doutaient, fait un très bon Batman de par ce côté bestial et son expression qui lui donne sans cesse l'air d'être sur le point d'exploser. Certes le côté excentrique n'est pas là mais nous avons ici un Batman plus vieux et rongé par ses démons. Explications sur la genèse de ce Batman ? Inutile...
J'aime également beaucoup l'interprétation de Jesse Eisenberg qui surjoue peut-être un peu mais qui change totalement de registre par rapport à ses rôles habituels.
Man of Steel avait déjà présenté Henry Cavill, il n'a pas changé, toujours musclé, toujours avec une bonne palette d'émotions.

LesCondors
16/06/2022 à 19:50

Moi ceux qui m'a choké c le thé au pipi de Grand mère !! Et la bouillie numérique à la fin comme on dit (moche)

La version longue est mille fois plus cohérente je c plus d'où elle sort mais je l'ai vue j'vous jure !! Y a plein d'truc au début avec les Africains c'est pbc plus logik

Rakis
07/03/2022 à 20:24

Un duel factice entre héros que l'on sait devenir des alliés indéfectibles, un Lex Luthor qui surjoue et se fait vite oublier, un prénom commun qui fait bêtement vibrer le cœur des deux héros et stopper leur baston, un méchant horrible issu des Trolls recalés du Seigneur des Anneaux... Voilà tout ce que j'ai retenu de ce film qui démarrait pourtant bien, avec de belles scènes et une belle idée, mais a vite fait plouf.

Arnaud (le vrai)
07/03/2022 à 16:50

@Morcar
Et la du coup je vais te poser forcément la question, c’est quoi un bon film ?

On est une petite 20aine de lecteurs assidus d’Ecran Large + les rédacteurs du site, je pense que si on demande à tout le monde ce qu’est un bon film, on aura tout autant de réponses différentes

Donc vas y dis moi c’est quoi un bon film

Ce qui ne fonctionne pas
07/03/2022 à 11:22

Ce qui ne fonctionne pas c'est la caractérisation de Clark Kent. Pour Équilibrer le côté Demi Dieu de S, le génie des premiers films étaient de balancer par un Clark maladroit, malhabile, gaffeur, amusant.. Cela n'empêchait nullement le film d'être sombre et dramatique par endroit. Impossible de ne pas souffrir à la vision de ce Clark Kent qui se prend trop au sérieux, trop sûr de lui même, qui ne doute jamais...bref impossible pour le spectateur de s'identifier au personnage, en l'état froid. Pour Bruce Wayne c'est une toute autre problématique car Batman n'a pas de pouvoir, donc son pendant Humain peut être sombre et sérieux. (et pour le coup à l'inverse le jeu décalé blagueur de George Clooney était totalement à côté de la plaque..)
That's my opinion :-)

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