Cold in July : la critique redneck

Simon Riaux | 30 décembre 2014 - MAJ : 22/08/2023 16:48
Simon Riaux | 30 décembre 2014 - MAJ : 22/08/2023 16:48

Réalisateur de deux films fantastiques bricolés et du remake poseur de Ne Nous jugez pas (We are what we are), on ne s'attendait pas à voir Jim Mickle émouvoir le Festival de Sundance et la Croisette. Et pourtant, Cold in July débarque en salle, précédée d'une formidable réputation de thriller redneck aux cojones sanglantes. Hélas, le film s'inscrit dans une veine particulièrement paresseuse de cinéma faussement transgressif.

 

Les polars baignés dans l'accent traînant du sud des États-Unis sont devenus un genre en soi, tout particulièrement en Europe, où le public sera tenté d'y voir un discours forcément pertinent sur le dévoiement d'un certain rêve américain. Si c'est exactement ce que vise ici Jim Mickle, c'est précisément ce que son film n'est pas (à la manière du récent Blue Ruin). La faute à une écriture confuse, qui ne traite jamais fondamentalement les motivations des personnages, une construction qui se voudrait maligne à coup de ruptures de ton, mais qui condamne l'ensemble à une superficialité de traitement malvenue.

La mise en scène, jamais déficiente ou désagréable, vient confirmer la déception. Jouant sans cesse avec la focale et les silences, la caméra de Mickle s'efforce de donner à l'ensemble une patine, une dimension esthétique qui, n'étant soutenue par aucun discours, tourne totalement à vide. Dès lors, impossible de jamais s'attacher à ces personnages en forme de pantins désarticulés. Michael C. Hall joue les naïfs constipés, sous l'œil hagard d'un Sheppard mutique et d'un Don Johnson qui ne semble jamais dirigé autrement que pour contrebalancer la lourdeur de ses complices en mal de motivation.

 

En lieu et place de l'œuvre agressive et craspec promise par cette adaptation du fiévreux Joe R. Lansdale, nous nous retrouvons donc avec un petit vigilant, une histoire de vengeance gentiment républicaine, pro-gun et bas du front, même pas assez énervée pour nous arracher un « Fuck Yeah ! » S'il lorgne désespérément du côté d'un Killer Joe ou de History of violence, c'est finalement un programme bien différent que nous propose le métrage.

Au premier degré, il n'est pas interdit de patienter jusqu'à un dernier acte réjouissant, qui ne peut cacher sa dimension opportuniste du traitement de la violence, mais recèle aussi son lot de plaisirs coupables. Enfin débarrassé de ses prétentions formelles et narratives, Cold in July peut alors se savourer pour ce qu'il est, à savoir un épisode d'Hollywood Night crasseux et sanglant. Les cinéphages en mal de flingage décérébré y trouveront néanmoins un bonheur éphémère.

Résumé

Mal écrit et très prétentieux, le film de Jim Mickle ne vaut finalement que pour son dernier acte, très divertissant et capable de faire un peu oublier sa première heure vaseuse.

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