Mister Babadook : critique

Simon Riaux | 2 février 2014 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 2 février 2014 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Le grincement d'une porte, une ombre fugace, le murmure du vent. Éléments banals pour l'adulte depuis longtemps blasé par un monde dont il croit avoir usé tous les mystères et sources de terreurs vertigineuses pour tout enfant doué d'imagination. Entre ces deux perceptions se dresse un mur sur lequel de nombreux cinéastes se sont cassés les dents, une paroi que Jennifer Kent fait voler en éclat le temps d'un premier film remarquable, dont le titre énigmatique, Babadook, n'a pas fini de hanter les arcanes des salles obscures.

Les écueils sur le chemin de l'artiste étaient pourtant nombreux. Sujet propice aux pires enfilades de clichés, thématiques usitées jusqu'à l'os, Boogeyman qui n'est pas sans évoquer les créatures des récents Sinister et autres Insidious, tout concordait pour faire de l'œuvre un piège à festivalier de premier ordre. Inquiétudes instantanément dissipées par la mise en scène de la réalisatrice qui impose quelque chose qu'on n'était pas loin de croire disparu : un style. Cadre, découpage et photographie ne s'embarrassent que de rares (et intelligents) hommages, Jennifer Kent sait exactement comment nous raconter son histoire.

 

 

photo, Noah Wiseman (II), Essie Davis

 

Jouant de l'ambiguité de son récit comme de ses personnages, Babadook nous entraîne dans une spirale où se confondent deuil, folie, amour inconditionnel et haine irrépressible. Parce qu'il ne juge jamais ses personnages mais ne craint pas pour autant de nous confronter à leurs pulsions, leurs émotions comme leur renoncements, le film parvient lors de ses séquences de pure terreur à nous replonger dans l'Inconnu, source première des peurs enfantines. Car jusqu'à sa conclusion, le métrage se dérobe, ne nous laisse deviner s'il s'aventure dans le domaine de l'horreur psychologique ou joue ouvertement la carte du fantastique. Une subtilité qui lui permet avec force d'évoquer des névroses parentales bouleversantes, aussi terrifiantes que tragiquement communes.

 

Certes, le scénario ne peut régulièrement s'empêcher de surligner un effet de mise en scène pourtant impeccablement réussi, quand le dernier acte a un peu de mal à maintenir une pression essorée par de frénétiques rebondissements. Autant de défauts typiques d'une première œuvre et qui n'entachent en rien celle qui nous intéresse, tant elle se fait à l'évidence premier jalon d'une carrière que l'on devine infiniment prometteuse.

 

 

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