Critique : Interior. Leather Bar.

Geoffrey Crété | 30 octobre 2013
Geoffrey Crété | 30 octobre 2013

Il y a un temps pour la découverte, la révélation, l'excitation. Puis la curiosité, voire la fascination. Mais aussi l'inévitable lassitude, suivie de près par une forme d'irritation proche de la crise de foie intellectuelle. Cette échographie d'une carrière hollywoodienne branchée, le messie James Franco l'a illuminé. Acteur, réalisateur, poète, journaliste, peintre, mannequin, présentateur neurasthénique et branleur de première classe, la superstar a pris un plaisir supposé malin à rapprocher Le Monde fantastique d'Oz, une superproduction estampillée Disney qu'il porte sur ses épaules, d'un moyen métrage underground vendu sur son étiquette de porno gay conceptuel, censé satisfaire les puristes. Car en théorie, Interior leather bar. propose de combler le vide laissé par les 40 minutes censurées du film culte La Chasse (Cruising) de William Friedkin, plongée vertigineuse avec Al Pacino dans les bas-fonds des clubs gay du New York des années 80.

Une évidence : James Franco se métamorphose en auto-parodie à mesure qu'il enfonce les portes des deux côtés du système, avec une ascension hollywoodienne de moins en moins probante et une obscure carrière indé des deux côtés de la caméra. Officiellement co-réalisé Travis Mathews, spécialisé dans le cinéma LGBT, Interior leather bar. se présente ainsi comme un curieux essai aride qui brasse les thématiques, sans prendre le temps d'approfondir ou répondre aux attentes. Point de sens mais beaucoup de pistes, du coup de gueule de Franco contre une industrie hétérocentrée à une mise en abime sur le processus filmique. Mais après une heure de supplice désincarné, entre premier et douzième degré, il est clair que « la star » par qui tout est arrivé n'a aucune autre intention que celle de créer, même si c'est du vide. Il n'y a donc qu'une scène de sexe censée remplir le quota de la censure, quelques discussions de production et les interminables errances de Val Lauren, venu pour son pote mais incapable de défendre ou expliquer la démarche de Franco. Celui-ci affiche d'ailleurs une mine si détachée, si méprisante, si insupportable lorsqu'il se vante de tourner cette mauvaise blague dans le dos de Mickey, qu'il n'est pas impossible que tout ceci soit un coup monté sur son image publique pour un futur événement arty. Mais peu importe le degré de cynisme, la bête Franco est une tâche dans le paysage indé.

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