Yves Saint Laurent : Critique

Simon Riaux | 2 janvier 2014
Simon Riaux | 2 janvier 2014

Figure tutélaire de la mode française, créateur d'envergure internationale, Yves Saint Laurent ne pouvait longtemps échapper au Septième Art, si bien qu'en 2013, ce n'est pas moins de deux films qui lui seront consacrés, le premier étant réalisé par Jalil Laspert. Celui-ci nous propose de découvrir l'intimité de l'artiste de son arrivée chez Dior en passant par la création de sa propre maison et sa consécration, jusqu'à sa mort.

 

 

On attend d'un film qui épouse si longuement le destin de son personnage principal qu'il ait quelque chose à nous dire de ce qui fit sa grandeur : la création. Peine perdue, l'art et l'inspiration sont relégués au hors champ de ce biopic fastueux. Yves Saint Laurent rejoint donc la longue liste d'œuvres convaincues que c'est dans la vie privée des grands hommes que se cache le secret de leur génie, qu'il y a plus à dire de leurs affects et de leurs petites turpitudes que de leurs accomplissements. C'est un terrible aveu de faiblesse, d'autant plus palpable que l'existence de Saint Laurent est d'une affligeante banalité. Passion, tromperies, coucheries, rabibochages, Yves trimballe son spleen de pacotille de séquence en séquence, fait pleurer la ménagère à mesure que la grâce de ses travaux s'évanouit aux yeux du spectateur.

 

 

 

Spectateur qui s'intéressera finalement plus au véritable héros du film, Pierre Bergé, qui fait office de narrateur et de véritable moteur du récit. On se demande d'ailleurs si Laspert n'aurait pas gagné à consacrer véritablement son métrage au ténébreux Pygmalion, tant sa mise en scène devient incandescente dès lors qu'il prend l'ascendant sur l'arc narratif principal. Interprété par un Guillaume Gallienne impressionnant de charisme, d'intelligence et de veulerie, l'homme derrière Saint Laurent offre à cette histoire ses rares moments de cinéma, ses occasionnels éclairs d'émotion. Pierre Niney n'est pas en reste, nous propose une composition qui va souvent au-delà de l'excellent- travail de caméléon, mais souffre de l'écriture de son personnage, grand nigaud égaré dénué de tout rapport à sa création ou à l'art, qui se voit finalement éjecté de sa propre biographie le temps d'une réplique assassine de son complice Gallienne.

 

 

Résumé

On regrette d'autant plus le classicisme poli de l'ensemble et sa frilosité thématique que la direction artistique sur mesure, le soin apporté à la photographie ou encore le regard dénué de pudibonderie du réalisateur étaient autant d'atouts dans la manche d'un métrage dont le sujet est bien moins facile qu'il n'y paraît. En l'état, Yves Saint Laurent est un produit de son temps, calibré, soigné, un bel objet d'une totale insignifiance.

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