Critique : John dies at the end

Aude Boutillon | 16 novembre 2012
Aude Boutillon | 16 novembre 2012

David Wong a une drôle d'histoire, qu'il entend bien partager. John et lui sont capables de voir des étrangetés venues d'autres dimensions. Du coup, John et David proposent des services de dératisation bien particuliers. Ils doivent leur capacité à une substance venue de nulle part, la Soy Sauce. La Soy Sauce, c'est un Jamaïcain pratiquant la lévitation à ses heures perdues qui leur fournit. Mais John meurt à la fin, et un complot interplanétaire impliquant des insectes tueurs venus de l'espace doit encore être résolu, avec l'éventuel concours d'un médium, d'un bras en plastique et d'un chien surdoué.

A l'origine de John dies at the end, un feuilleton littéraire publié en ligne au début des années 2000 par un certain... David Wong. Présenté comme une folie aux croisements de Douglas Adams, Stephen King et H.P. Lovecraft, le phénomène trouve tout naturellement les chemins de l'impression, avant de faire l'objet d'un scénario écrit par Don Coscarelli, Master of horror consacré dont chacune des très rares initiatives s'accompagne d'une attente nerveuse. Il fallait tout le talent et la facétie du père de Phantasm pour retranscrire sur grand écran des aventures d'une telle improbabilité, aussi denses que frénétiques. Cette richesse sera également le témoin des limites de l'adaptation vers un format de 90 minutes d'un récit fourmillant d'idées visuelles comme d'éléments narratifs.

John dies at the end, c'est avant tout un rythme effréné, voire effronté, au service d'une succession de morceaux d'inventivité, de concepts aberrants et de séquences proprement hilarantes d'absurdité assumée, dont il serait proprement scandaleux de révéler le moindre indice. Cette cadence enlevée sera également à l'origine de la plus décelable, sinon l'unique réelle faiblesse du film : sa difficulté à répondre à l'ambition démesurée de l'œuvre initiale. L'évident élagage nécessaire à l'adaptation exigeante d'un support que l'on devine monumental peine alors à s'effacer, tandis que l'exposition des protagonistes et d'une intrigue résolument foutraque, quoiqu'aisément démélable (un sentiment conforté par une narration volontairement éclatée dans le temps), s'étale sur deux bons tiers du récit. Le format épisodique du matériau d'origine prend alors tout son sens, et John dies at the end de recouvrir dès lors la forme d'une introduction épique et démentielle... avant d'accélérer la résolution de son intrigue, bazardant des séquences parfois capitales en un claquement de doigt. Expédiée, la mission divine du valeureux tandem. Sacrifiés, les  personnages secondaires jubilatoires (Paul Giamatti, Clancy Brown, Doug Jones, excusez du peu). Une précipitation aussi déconcertante que le récit se montre vif et stimulant, et dont ne peut que naître le désir de développements ultérieurs.

Tourbillon déchaîné de folie créative et narrative, John dies at the end se pose en témoin incontestable de l'énergie intellectuelle d'un Coscarelli en pleine forme (et qui s'amuse manifestement comme un petit fou), et fait office d'exaltante mise en bouche de péripéties qui gagneraient à faire l'objet d'un film complet, plutôt que d'un dénouement empressé. David Wong venant justement de publier la séquelle de ses aventures, reste à souhaiter que de nouvelles télécommunications alimentaires d'outre-tombe* se profilent à l'horizon...

* Une expression qui prendra tout son sens à l'issue de la projection, promis.

 

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