Critique : Supercondriaque

Sandy Gillet | 18 février 2014
Sandy Gillet | 18 février 2014

La sortie de Supercondriaque s'inscrit dans un début d'année bien morose pour la comédie à la française (en vrac : Prêt à tout, Jamais le premier soir, À coup sûr et Les 3 frères, le retour). Mais au lieu de prendre de la hauteur et de rebondir sur ce constat déprimant, le dernier film écrit et réalisé par Dany Boon au budget de 31 millions d'euros, enfonce magistralement le clou et en profite même au passage pour enrichir le fameux curseur de la « bousitude » bien de chez nous.

Dany Boon le clame pourtant haut et fort, s'il le voulait, il pourrait arrêter de travailler. Ce qui semble le motiver est la rencontre avec le public, son public. Sa seule passion est de faire plaisir et de se faire plaisir. L'échec est pourtant bien là et se traduit d'abord à l'écran par le peu de considération pour les ressorts basiques de la comédie. De l'écriture à la réalisation en passant par l'interprétation, tout est sans inspiration et admirablement insipide. Rien à sauver de ce marigot où affleurent les pires dialogues entendus depuis bien longtemps et où les situations de comédie, ou voulues comme telles, sont sans ressort et sans âme.

Dany Boon y joue sa propre caricature avec l'élégance d'une craie crissant sur un tableau noir et Kad Merad semble poliment mais fermement s'ennuyer dans son rôle de médecin qui veut se débarrasser de son patient. Dans le même temps, un réfugié politique fuyant une dictature imaginaire d'Europe de l'Est (trop rare Jean-Yves Berteloot malheureusement peu à son avantage ici) vient jouer le ressort dramatique attendu mais inefficace. Le dernier tiers du film verse alors dans la gaudriole d'aventure embarrassante et indigne de l'auteur de Bienvenue chez les Ch'tis, ou même de Rien à déclarer.

À l'autre extrême du spectre, quand on demande à Albert Dupontel ce qu'est une bonne comédie, il est bien incapable de répondre. Pour lui, 9 mois ferme, la dernière réussite en date dans le domaine, n'est de toute façon pas une comédie mais un « drame rigolo ». Un grand écart salutaire et récompensé par plus de 2 millions d'entrées mais que peu de productions françaises osent tout simplement copier ou réitérer. C'est que prendre des risques n'est pas dans l'ADN du « genre » et Supercondriaque d'en être le porte étendard tragique.

 

En bref : Le degré zéro de la comédie à la française.

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