Critique : Joséphine

Louisa Amara | 19 juin 2013
Louisa Amara | 19 juin 2013

 

Si on avait dit à Pénélope Bagieu qu'à l'approche de la trentaine, ses dessins réservés aux seuls lecteurs de son blog, deviendraient des albums best-sellers puis un film avec de vrais acteurs, elle ne l'aurait sans doute pas cru. Et elle aurait eu raison. Si on adapte facilement les BD aux Etats Unis, y compris de jeunes auteurs, en France, les producteurs restent frileux. Ils ne s'attaquent principalement qu'aux BD du patrimoine franco-belge devenus cultes, Astérix ou dans un autre genre Enki Bilal. Dans les deux cas, des auteurs installés, voire parfois dans la tombe. 

Mais une jeunette qui débarque ? C'est sans doute une première.  Pénélope a connu le succès sur internet, puis en librairie et a même réalisé un court métrage d'animation primé au prestigieux festival d'Annecy, mais elle ne savait que trop bien ce que représentait le travail sur un long métrage. Elle a donc cédé les droits et n'a pas souhaité intervenir dans le scénario ou la production. Pour le meilleur et pour le pire... Agnès Obadia, la réalisatrice et co-scénariste et son équipe se sont ainsi senties libres de créer leur propre vision de Joséphine. Leur but : écrire une véritable histoire avec un début, un milieu et une fin, à partir de planches « tranches de vie » sans véritable fil conducteur ou rebondissements particuliers. En cela, ils ont réussi. On a bien une histoire de jeune femme célibataire un poil insupportable qui se retrouve à mentir à tout le monde suite à un énorme quiproquo. 

C'est léger, on ne s'ennuie pas, et pour qui veut se divertir sans réfléchir durant 1h35, la mission est presque accomplie. Les scènes imposées de la comédie romantique y sont : la dispute, la scène sous la pluie, la rédemption, etc. Mais le potentiel des acteurs n'est pas exploité. Amelle Chahbi, du Comedy Club, dit à peine deux phrases, c'est rageant. Seule Bérengère Krief tire son épingle du jeu grâce à des dialogues chocs et son bagout. Une mention spéciale aux coiffeurs/costumiers qui parviennent à enlaidir le séduisant Mehdi Nebbou, talentueux acteur multilingue passé chez Spielberg, excusez du peu, lui aussi sous-utilisé. Il réussit tout de même à jouer le fameux "boy next door maladroit que l'héroïne ne remarque pas, cette imbécile, parce que si elle l'avait capté dès le début... Ben y aurait pas de film".

La part belle est donnée trop entièrement à l'héroïne interprétée par Marilou Berry, affublée d'une prothèse fessière pour ressembler le plus possible au personnage d'origine. Etait-ce vraiment indispensable ? Elle donne beaucoup d'elle-même pour rendre le personnage sympathique, mais dès l'écriture du scénario, elle ne l'est pas, alors que Joséphine dans la BD est très attachante... L'histoire ne dit pas pourquoi Audrey Lamy annoncée pour le rôle en 2012 par plusieurs de nos confrères a finalement cédé sa place à Marilou Berry. On laissera le mot de la fin à l'auteur, Pénélope, qui a trouvé que dans ce film, sa BD était « bien trahie». On trouve aussi, mais pas dans le même sens. 

Résumé

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