Critique : Pas très normales activités

Laurent Pécha | 29 janvier 2013
Laurent Pécha | 29 janvier 2013

Un film qui reprend les codes, le récit et presque le titre d'un film que vous détestez avec, dans le rôle principal, un jeunot star du web dont vous ignoriez l'existence jusqu'à ce que votre fils, un de ses fidèles parmi les fidèles, vous le fasse découvrir au détour d'une vidéo sur la... masturbation !!! « Euh, comment dire, il faut vraiment que j'y aille ? Ah, ben oui, c'est ton métier bonhomme, tu l'as choisi, tu assumes. Mais, je suis le chef, je peux envoyer quelqu'un d'autre quand même ? Comment, ils ont tous invoqué leur clause de conscience. Je les reconnais bien là, les planqués. Bon, ok, j'y vais et au pire, je me materai un Kalatozov en rentrant pour m'en remettre ».

C'est dire que ce Pas très normales activités ne partait pas sous les meilleurs auspices même si la présence derrière la caméra de Maurice Barthélemy, auteur d'un très réussi Papa, intriguait fortement à défaut de complètement rassurer. Avec ce projet qui sent bon l'opportunisme de surfer sur la popularité de Norman et ses millions de clics sur des vidéos postées sur le web depuis plusieurs années (même si le monsieur s'en défend avec conviction dans notre interview), l'ex-Robin des bois, et à ce jour le plus talentueux de la troupe à être passé à la réalisation, coupe clairement le cordon avec sa filmographie passée. Mais, c'est pour mieux rebondir après un Low cost qui n'avait convaincu presque personne.

Revigoré par ses jeunes comédiens, totalement à son aise dans un univers, le film fantastique qu'il a toujours apprécié, Barthélemy marque effectivement très vite des points. Loin de la parodie facile à la Scary movie, le cinéaste nous fait comprendre qu'il a parfaitement assimilé les codes du film de found footage et en particulier la série des Paranormal activity tout en cherchant à éviter le plus possible les gags grossiers. En adoptant un dispositif visuel qui a de la gueule (scope, un maximum de plans de téléphone fixes,...), Barthélemy parvient à ne pas s'enfermer dans les limites du genre (caméra qui bouge tout le temps, définition limite,...) et impose une narration toujours plaisante au service d'une véritable histoire. Non pas que cette dernière va changer la face du 7ème art mais elle permet amplement à son auteur d'offrir à Norman et à sa partenaire (Stéfi Selma, parfaitement à l'aise dans cet univers masculin) un terrain de jeu propice à d'efficaces envolées comiques sans que l'on assiste, pour autant, à une suite de sketchs.

Les fans de la première heure auront ainsi le loisir d'apprécier le passage réussi sur grand écran de leur idole pendant que les autres découvriront un acteur indéniablement doué pour la comédie. Et le film d'être à un carrefour réussi entre les aspirations comiques d'une génération et celles d'une nouvelle qui est amenée à prendre le pouvoir. Norman rules ! Euh, ça, c'est mon fils qui l'a dit mais y a des chances qu'il n'ait (bientôt) pas tort.    

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