Critique : Rio 2

Marjolaine Gout | 9 avril 2014
Marjolaine Gout | 9 avril 2014

Après, avoir  sculpté et gravé dans L'Age de glace les tribulations d'un mammouth et d'un paresseux, Blue Sky Studio continue  à marquer son territoire dans le bestiaire animé ! Rio deuxième du nom s'attèle ainsi à nous clouer le bec à coup de visuels luxuriants et de gags en cascade. Pour cet opus, des aventures psittaciformes, le cinéaste brésilien, Carlos Saldanha, délaisse l'entêtante Rio pour s'aventurer au cœur d'une végétation a priori impénétrable : l'Amazonie ! Ara de Spix et  Cacatoès reprennent du service, quitte à y perdre quelques plumes.

Blu, sa famille, ses comparses et quelques ennemis dans leurs sillages, migrent de leurs cocons citadins pour la forêt vierge où moult surprises les attendent. Pour narrer, ces vacances tumultueuses et maintenir un rythme effréné, Rio 2 s'est muni d'une escarcelle scénaristique contenant une profusion d'axes narratifs.  La rencontre de Blu et de son beau-père exploitée à la manière de Mon Beau-père et moi  ainsi que la déforestation et ses conséquences ont la part belle. Ces aventures ponctuées par d'ébouriffants numéros de music-hall, exhumant les chorégraphies kaléidoscopiques de feu Busby Berkeley, on déplorera un formatage musical peu avenant. Une mélasse de mélodies, souvent pop, se révèle à nos tympans. A l'image des maints clins d'œil visuels, la musique regorge d'influences variées, mais est malheureusement écharpée dans ses sonorités. Le groupe de percussions corporelles Barbatuques en perd ainsi de son éclat !

Cependant, en embuscade, le retour du flamboyant et vilain Nigel vaut son pesant de réals en générant les principaux rebondissements humoristiques. Dans la version originale, Jermaine Clement prête ses cordes vocales avec panache au perroquet, en passant de tirades Shakespeariennes enlevées à des intonations glaçantes à la Norma Desmond. Le cacatoès à huppe jaune, à la destinée vengeresse, au verbiage de haute voltige, vole la vedette à ses congénères en 3D. Cette fois-ci, secondé par Gabi (doublée par l'excellente Kristin Chenoweth), une grenouille venimeuse éperdument éprise de lui, Nigel, à défaut de voleter, chevauche un noble destrier, enfin un tamanoir chaplinesque, nommé Charlie. Si dans sa quête de vendetta, Nigel a des allures de Don Quichotte, il perd rapidement ses viles intentions lorsque sa passion de la scène réémerge. Les citations d'Hamlet se métamorphosent alors en couplets d' « I will survive » gazouillés à visage masqué, façon Fantôme de l'Opéra !

Carlos Saldanha illustre ainsi un récit rocambolesque et chamarré à la gloire du Brésil. Il n'omet d'ailleurs point d'y insérer une séquence de football aérien, ayant certes des allures de quidditch ! La facture de l'animation reste magnifique même si l'on déplore, à l'instar de Dreamworks ou Pixar, l'absence d'une réelle griffe esthétique annihilée par l'ère du numérique!  

En bref : prévisible par sa trame narrative et ses thématiques écologiques et familiales, Rio 2 s'avère surprenant lorsque ses personnages « secondaires », évoluant tels des électrons libres, dynamitent et dynamisent ce divertissement par leur comique.  A défaut de bailler aux corneilles, le cacatoès Nigel, à mi-chemin entre un personnage de Cervantes et une diva hésitante entre la Gloria Swanson et la Gloria Gaynor, nous sauve d'une torpeur palpable et d'une pâle redite du Rio d'origine pour nous pigeonner de la plus belle sorte ! Nul doute que Rio 2 fera mouche chez les petits et grands !

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