Critique : Operación E

Sandy Gillet | 28 novembre 2012
Sandy Gillet | 28 novembre 2012

Operación E a pour cadre l'histoire de Clara Rojas, otage des FARC entre 2002 (elle fut kidnappée en même temps qu'Ingrid Betancourt dont elle était la directrice de sa campagne présidentielle) et 2008 dont la libération fut retardée car son fils Emmanuel, né durant sa détention dans la jungle colombienne en 2004, restait introuvable. Le film s'attarde à retracer les pérégrinations de ce d'abord nourrisson qui fut, en fait, confié à une famille de paysans et que l'on retrouva quelques années plus tard dans un orphelinat de Bogotá. Derrière la caméra on trouve un habitué de la maison Besson (distributeur une nouvelle fois ici) qui commit entre autre belle chose le mémorable Skate or die et l'oubliable GAL. Autant dire qu'avec un tel pedigree, le choc d'Operación E n'en est que plus total.

 Il faut dire qu'avec un tel matériau de départ, il aurait été criminel de se louper. Pour éviter cet écueil Miguel Courtois Paternina s'est entouré du même scénariste que sur GAL (Sic !) mais en a surtout profité pour jeter aux orties sa réalisation tic et choc de ses deux derniers films pour se concentrer justement sur cette histoire suffisamment remarquable pour porter naturellement son film jusqu'à son terme. Il a su aussi faire appel à l'acteur Luis Tosar (le concierge quelque peu branque dans Malveillance) qui donne littéralement corps à ce paysan à qui l'on ordonne de pouponner un bébé mal en point (malade et le bras cassé du fait d'un accouchement difficile) qu'il doit maintenir en vie coûte que coûte au péril de sa propre vie et de celle de sa famille (nombreuse). On est sans cesse dans l'œil d'un cyclone forcément anxiogène perdu d'abord au milieu d'une jungle hostile et contrôlée par les FARC puis en zone urbaine tout aussi déstabilisante et écrasante. On est là dans du sur-mesure cinématographique où chaque plan est bordé, chaque piège évité et il manque juste un petit supplément d'âme pour que tout cela ne s'imbrique pas si parfaitement.

Le E du titre c'est pour Emmanuel du nom de l'enfant qui fut sur la fin activement recherché via une opération militaire censée libérer Clara Rojas. C'est d'ailleurs le vrai point fort d'un scénario qui n'épargne en fait personne au sein des instances dirigeantes ni même vis-à-vis de son héros de paysan dépeint comme quelqu'un dépassé par les événements et qui ne prit pas toujours les bonnes décisions. On ne peut s'empêcher dès lors de penser à Captive de Brillente Mendoza sorti plus tôt cette année qui s'en détache en ce sens qu'il n' y a ici aucune vocation à « auteuriser » à outrance le propos ou la mise en scène. On n'est pas non plus dans le doc mais à la lisière de quelque chose d'assez passionnant à suivre car travaillant sur le mode fictionnel tout en respectant assez fidèlement l'histoire vraie. Une gageure intéressante qui remet donc Miguel Courtois Paternina sur le devant de la scène cinéma.

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