Critique : Flight

Laurent Pécha | 13 février 2013
Laurent Pécha | 13 février 2013

Etonnant projet que ce Flight pour Robert Zemeckis. Alors que l'on imaginait le réalisateur de Retour vers le futur lancé à tout jamais dans son expérimentation de nouvelles technologies, voici que le pionner de la performance capture (la « trilogie » Pôle express, Beowulf et Scrooge) retrouve les joies et aléas d'un film live avec en prime un budget qui rappellerait presque ses débuts. Car, non content de renouer avec une narration qu'on qualifiera vulgairement de plus classique, Zemeckis le fait effectivement avec des impératifs économiques bien loin de ses habitudes (31 millions de dollars de budget alors que l'homme est rarement descendu en dessous des 90 millions). Et c'est peut être cette urgence, ce sentiment du tout moins contrôlé (par la « faute » d'une enveloppe financière moins importante) qui convenait le mieux  à un récit qui, justement, ne parle que de ce sentiment de garder ou pas le contrôle.

A l'instar de son (anti)héros, pilote surdoué ayant sauvé des centaines de vies mais rattrapé par ses excès, l'alcoolisme, Zemeckis n'a eu de cesse dans sa carrière de jongler avec ce fameux contrôle et par là même avec les étiquettes, étant adulé un jour puis décrié le lendemain, novateur puis un peu has-been, bankable puis risque-tout. Les hauts et les bas, être incompris ou sous-estimé, Zemeckis connaît ça que trop bien et de s'en servir, inconsciemment (l'homme est un instinctif, peu enclin à la réflexion sur soi) pour donner du corps, bien aidé par la performance profondément humaine de Denzel Washington, à cette drôle de descente aux enfers d'un mec qui avait tout pour être un vrai héros. 

Commencée sur les chapeaux de roues par un crash aérien hautement spectaculaire, où le cinéaste tire partie avec brio de son expérience des technologies numériques, Flight, œuvre scénaristiquement très imparfaite, fait fi d'un rythme parfois très routinier et convenu (les ultimes séquences) pour s'imposer ainsi, entre les lignes, comme un troublant miroir de la carrière et du potentiel de son auteur. Au risque encore une fois d'en laisser certains de marbre. Bob, l'incompris ! 

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