The Bling Ring : critique bling-bling
The Bling Ring est peut-être le meilleur film de Sofia Coppola. Celui qui lui ressemble le plus, où elle n'essaie plus de passer pour ce qu'elle n'est pas et assume être cette fille à papa, cette voisine des stars, avant même d'être une cinéaste. Son regard sur ce/le monde importerait-il alors moins ? Au contraire. Elle tord le cou à l'idée que ses films célébreraient le vide, alors que pour elle, il n'est question que de proximité, de banalité.
Cela s'incarne à travers ce fantasme des maisons portes-ouvertes, où Paris Hilton met sa clé sous son paillasson, où Lindsay Lohan ne ferme pas sa porte-fenêtre, et qui n'a rien à voir avec la réalité du fait divers dont le film s'inspire. Sofia Coppola ne donne pas les clés d'un monde inconnu, ne nous fait pas pénétrer dans un univers mystérieux, puisqu'elle y vit déjà. La vie de ces stars, de ces people ne l'intéresse pas plus que ça, c'est la sienne, celle de ses amies, de ses voisines, de Rachel Bilson, d'Audrina Patridge... vous ne les connaissez pas ? Elle, si.
La tentation est grande de dire qu'elle n'a elle-même pas conscience de la véritable nature de son film, et par la même occasion de sa réussite. Car pourquoi filme-t-elle ? Parce qu'elle peut est un début de réponse. Sa réalisation est tout sauf bling bling, juste commune, naturelle. Elle filme comme ses starbreakeuses volent chaussures, sacs, bijoux : parce qu'ils sont là, à portée de main, de caméra. C'est de fait aussi sa limite.
Car au contraire du requiem Spring Breakers d'Harmony Korine, auquel on pense tout le temps dans un jeu de miroir passionnant, The Bling Ring ne propose aucun point de vue, aucune morale. Si le premier était une fin, une mort, en tant que telle, le second ne sait même pas comment finir.
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