Critique : J'enrage de son absence

Nicolas Thys | 30 octobre 2012
Nicolas Thys | 30 octobre 2012
Découvert au festival de La Rochelle 2012, J'enrage de son absence de Sandrine Bonnaire, son second film après un joli documentaire sur sa soeur, Elle s'appelle Sabine, nous avait laissé plus que de marbre. Si on se demande ce qui ne va pas dans le cinéma français contemporain, il suffit de voir ce (télé ?)film pour s'en rendre compte. Dans le genre baromètre de la nouvelle tendance du cinéma français, on ne faire guère mieux...

Psychologico-socialo-pathétique, cette histoire de couple terminé après la mort d'un enfant dont l'un des deux membres va chercher à vampiriser la nouvelle existence de l'autre aurait mérité un meilleur sort. Déjà d'un point de vue scénaristique : si la première partie laisse augurer quelque chose d'intéressant, la seconde partie dans la cave est  ridicule et met juste en avant la faiblesse de chacun des trois protagonistes. On est en face d'un ramassis d'individus dont la vie est inintéressante au possible puisqu'elle fuit toute action, tout engagement, tout déplacement et même toute véritable folie. Ils sont juste d'une banalité sidérante, tellement prévisibles et stupides. Impossible de les pleurer, leur existence inspire juste du dégoût...

Ensuite formellement : faire un huis-clos n'est jamais une chose aisée et cela le devient encore plus quand la mise en scène est d'une platitude totale. A trop chercher le point de vue permettant aux acteurs de s'exprimer pleinement, la réalisatrice oublie qu'au cinéma il existe autre chose que les acteurs. C'est pratiquement le néant... Heureusement elle a un très bon chef-opérateur qui parvient à faire oublier la laideur de l'ensemble. De plus, symboliquement, les quelques idées présentes comme l'enfermement de William Hurt sur lui-même et dans un lieu totalement clos sont beaucoup trop soulignées : elle nous assène son non-message grandiloquent et ses malheurs à la figure tout en ne permettant jamais au film de se développer vraiment.

Le coup final est porté cette part d'intime que la réalisatrice vomit dans son film. Mais ses démons nous laissent de marbre et ramener son ex-compagnon pour jouer un ex-mari c'est de la psychologie de bazar. L'idée tourne court et il est impossible de prendre parti pour l'un des personnages, tous plus soporifiques les uns que les autres. Les acteurs font ce qu'ils peuvent pour sortir quelque chose de ces personnages apathiques, ils réussissent parfois, jamais assez pour convaincre.

Quitte à continuer son cinéma de "famille", on espère que Sandrine Bonnaire fasse dans l'avenir appel à son mari, Guillaume Laurant, scénariste de métier. Ce sera toujours ça de gagner.

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