Touristes : critique en vacances

Simon Riaux | 24 mai 2012 - MAJ : 01/09/2018 15:19
Simon Riaux | 24 mai 2012 - MAJ : 01/09/2018 15:19

Ben Weatley fait partie des réalisateurs dont l'œuvre aura crée un buzz instantané, cantonné pour l'instant aux seules sphères cinéphiles. Un enthousiasme mérité après l'intrigant Kill List, demeuré heureusement proportionné à la valeur de l'œuvre. C'est donc encore inconnu du grand public et relativement libre de ses mouvements que le cinéaste british nous revient, avec un opus nettement moins ténébreux que le précédent, une petite virée en caravane intitulée Touristes.

En couple depuis trois mois, Tina et Chris décident de donner un nouvel élan à leur relation en partant pour la première fois en vacances tous les deux. Elle est une jeune femme un peu déphasée, à la personnalité mutilée par une mère protectrice et possessive, et lui un maniaque du détail. Mais peu importe, ils s'aiment... et sont des sociopathes.

Plus proche de Very bad things que de Tueurs nés, le film nous fait clairement comprendre dès son introduction qu'il entend nous faire rire, nous esclaffer à gorge déployée, toutes les 30 secondes, et si possible d'un rire bien gras. Car Touristes est une romcom déviante lancée à pleine vitesse, qui détourne la recette d'un genre habituellement baigné dans l'eau de rose pour l'asperger de fluides corporels et de tripailles en tout sens. Le résultat s'avère méchamment réussi, et même sans goûter les régulières outrances gores qui traversent le métrage, le spectateur avide d'humour anglais en aura pour son argent.

 

 

 

On aurait donc tort de trop jouer les fines bouches devant l'avalanche de plaisir provoquée par l'ensemble, mais on ne peut s'empêcher de remarquer que Ben Weatley se garde bien de forcer son talent. Son sens de l'ambiguité, du décalage, de la métaphore aux portes de l'absurdité font toujours mouche, quoique l'utilisation de ces signatures finissent par virer au gimmick, et leurs irruptions dans le récit relèvent parfois de facilités dispensables.

Que cela ne rebutent pas les amateurs de Kill List, ni les curieux, désireux de découvrir un nouvel auteur en vue, ils se paieront une saignante tranche de rigolade, entrecoupée de réels moment de trouble (les rêveries de Chris, le crayon géant...), où la poésie affleure sous le sarcasme. Espérons simplement que Weatley retrouvera après cette parenthèse déconnante et jubilatoire le chemin de plus ambitieux projets.

 

 

Résumé

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