Critique : Camille redouble

Perrine Quennesson | 11 septembre 2012
Perrine Quennesson | 11 septembre 2012

Et si on avait le droit à une seconde chance ? Sans DeLorean volante impliquée cette fois-ci, Camille voyage dans le temps pour revivre la période de ses 16 ans. Ce fut une sorte de centre névralgique, de période charnière qui a conditionné le reste de sa vie. Et sa vie maintenant, elle est décevante : elle s'apprête à divorcer après plus de 20 ans d'amour et elle sombre dans l'alcoolisme. Un petit coup de jeune ne peut pas faire de mal.

Rien d'original direz-vous, les films retour-vers-le-futuresque on en a déjà vu jusqu'à plus soif. Et vous auriez raison. Mais il y a la patte Noémie Lvovsky. Elle réalise et interprète Camille. Car même à 16 ans, celle-ci a toujours le corps de ses 40 mais, tel Sam dans Code Quantum, personne ne semble le remarquer. D'ailleurs, toute l'invraisemblance de la situation ou son aspect comique est survolée car la réalisatrice préfère plonger directement au cœur sensible de son histoire. Et ce cœur a deux ventricules : l'un appartient à ses parents décédés et l'autre à Eric, celui qui l'a quitté. Une deuxième chance pour changer les choses ? Au début, elle y pense mais très vite, et tragiquement, elle s'aperçoit qu'on ne lutte pas contre le destin. Alors autant sauver ce qui peut l'être comme cette cassette avec la voix de ses parents afin de pouvoir les entendre et se sentir rassurée à nouveau, 25 ans plus tard. Quant à Eric, malgré toute la volonté du monde, le charme opère : elle retombe amoureuse. Mais c'est aussi l'occasion de changer de perspective. A 16 ans, le temps n'a pas encore érodé ses espoirs et la vie de tous les jours n'a pas encore usé sa vision de l'autre. C'est cette ronde des sentiments que Noémie Lvovsky, dans le film, met en scène à travers une pièce de théâtre, Les Amoureux de Goldoni : Camille expose ainsi ses craintes et sa douleur à Eric par le texte tandis que son corps et son cœur retombent pour celui qui l'a mise à terre.

Camille Redouble, c'est aussi l'occasion pour la cinéaste de s'amuser. Cela se voit à travers son casting rempli d'amis comme Samir Guesmi, Vincent Lacoste, Denis Podalydès ou encore Riad Sattouf. Une ambiance « potes » qui transpire à l'écran comme dans les séquences où Camille retrouve sa bande de copines pour danser sur une chorégraphie élaborée ou pour débriefer des amours et de la vie, et ce même si elle a 25 ans de plus qu'elles. Car l'âge n'est qu'un chiffre pour la réalisatrice qui a déjà travaillé sur cette échelle du temps dans ses films précédents. Pour elle, nous possédons tous les âges à n'importe quelle période de notre vie et nous naviguons en fonction des situations.

Dans la veine de Peggy Sue s'est mariée, Noémie Lvovsky ouvre le coffre fort du temps pour revisiter le passé afin de mieux appréhender le futur, entre madeleine de Proust et réappropriation de soi. Entre Katrina and the Waves et une photo en noir et blanc.  

 

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