Critique : Like someone in love

Simon Riaux | 21 mai 2012
Simon Riaux | 21 mai 2012
Like someone in love d'Abbas Kiarostami restera probablement dans les mémoires comme l'une des rares bouffées d'air frais d'une 65ème édition Cannoise dopée à la sinistrose. Nul vieillard agonisant ici, aucune rumeur insidieuse, pas de mutilation sauvage mais une chaleureuse fantaisie, qui propose au spectateur un détournement ludique de la comédie de boulevard.

Lorsque les destins d'un vieil érudit esseulé, d'une étudiante contrainte de vendre ses charmes et d'un petit copain rongé par la jalousie s'entrechoquent, ils le font sans gros sabot ni frénésie, mais avec une malice qui joue toujours la carte du décalage et du contretemps, appuyant les silences et non-dits de dialogues très denses, suffisamment pour déclencher le rire, jamais assez pour souligner le malaise. Une alchimie qui doit principalement à la direction d'acteurs, véritable leçon d'horlogerie, et au talent des comédiens eux-mêmes. Rin Takanashi illumine littéralement l'écran d'une candeur feinte, qui deviendra progressivement sincère au fur et à mesure qu'elle découvre la personnalité de son client. Ce dernier est interprété par Tadashi Okuno, qui confère à son personnage un improbable mélange de bonhommie et de sagesse, et transforme chacune de ses apparitions en délice de drôlerie acidulée.

On regrettera que Kiarostami, s'il confectionne une œuvre charmante, ne cherche pas à utiliser autrement sa caméra que comme un outil purement illustratif. Le découpage a certes l'humilité de laisser la part belle aux comédiens, mais l'objectif s'efface à tel point qu'il prend souvent le risque de diluer le fil -déjà très ténu- de la narration. Seules les deux séquences de la faculté et du garage s'avèrent véritablement ludiques, jouant de l'espace et du hors champ avec une énergie revigorante.

On ne pourra donc que recommander cette parenthèse enchantante, et se désoler que metteur en scène lui-même préfère regarder les acteurs plutôt que les mettre en scène, comme en témoigne un dernier plan en pied de nez, comme pour nous confirmer que tout cela n'était pas très sérieux, et qu'il est l'heure de rallumer les lumières.

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