Jason Bourne : L'Héritage - critique comeback

Simon Riaux | 30 mai 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 30 mai 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Après La Mémoire dans la peauLa Mort dans la peau et La Vengeance dans la peau, Jason Bourne est de retour. Ou presque. Exit Matt Damon, place à Jeremy Renner dans une nouvelle version de la même formule.

L'HERBE EST TOUJOURS VERTE

On se souviendra sans doute plus de la trilogie Bourne (du moins ses deux premiers épisodes) comme la consécration d'un dispositif de mise en scène emprunté par Paul Greengrass au John McTiernan d'Une Journée en Enfer, que pour ses accomplissements scénaristiques. Soit l'interaction virtuose entre montage, mixage et découpage, qui rendent l'action lisible de concert, grâce à une précision chirurgicale, qui ne souffre aucune approximation, au risque de perdre tout à fait le spectateur. 

La Vengeance dans la peau s'était aventuré à singer la maîtrise des deux premiers volets, au risque d'aboutir à une gestion de l'espace approximative, et d'emballer des combats en forme de grabouillis épileptiques. La tâche était donc ardue, pour ne pas dire impossible, de donner à cette trilogie une continuation en forme de spin off, mais contre toute attente, Tony Gilroy s'en sort très bien, ou le moins mal possible.

 

photo, Jeremy RennerJeremie Renner

 

Alors que les spectateurs doivent faire avec l'avalanche continue de séquelles ou préquelles, Jason Bourne : l'héritage a l'intelligence d'éviter ces deux écueils en choisissant de narrer un récit parallèle, qui se fait aux échos aux soubresauts du film précédent. L'entreprise ne gagne pas miraculeusement en légitimité, mais préserve sa crédibilité générale.

 

Le métrage est en cela grandement aidé par deux acteurs totalement investis, qu'il s'agisse de Rachel Weisz, qu'un récit haletant n'empêche jamais de déployer des trésors de grâce, ou de Jeremy Renner. Ce dernier est nettement plus convaincant que Matt Damon, grâce à une présence physique qui n'a nullement besoin d'un montage au cordeau pour faire de lui une menace tangible.

 

 

photo, Edward NortonEdward Norton, meilleur antivirus

 

MATT REVIENT PAS

On sera infiniment reconnaissant à Tony Gilroy de n'avoir pas joué la carte du copier-coller stérile, qui avait pénalisé le précédent volet, mais de s'efforcer de respecter la charte Bourne plus à l'esprit qu'à la lettre. Ainsi, on se régalera des séquences dites du chalet, on souffrira pendant les corps à corps brutaux et s'extasiera de cascades à l'impact parfois foudroyant, tant il ne fait pas bon de prendre un Jeremy Renner sur le coin de la tronche.

 

Le plaisir ressenti durant le visionnage de cette nouvelle mouture est donc bien réel, et d'un point de vue de spectateur/consommateur, éminemment justifié par la qualité du spectacle fourni.

 

 

photo

  

Reste que tout cela tient finalement plus de la série télé que du cinéma à proprement parler, et que suivre les déambulations létales de Jeremy Renner pendant plus de deux heures, pour finalement assister à un final en forme de grossier appel du pied à l'attention de Matt Damon, frustre et agace.

 

Était-il bien nécessaire de nous narrer par le menu le parcours et la situation d'un héros inédit, alors que l'avenir de ce dernier semble clairement suspendu au bon vouloir de l'interprète original ? On s'ennuiera ferme, une fois de plus, devant les atermoiements hystériques des pontes du renseignement, tout justes bons à se houspiller à coups d'écrans interposés, et ce, pour la quatrième fois. Les emblèmes de ce type ici recyclés sont légions, et s'ils n'entament pas la qualité du divertissement, ils lui interdisent de se hisser au-delà de cet initial statut d'entertainer.

 

 

Affiche

Résumé

Amusés, mais pas transcendés, on remarquera toutefois combien le titre de cet épisode semble approprié, tant il synthétise effectivement la trace qu'aura laissée Jason Bourne dans le cinéma d'action. Celle d'un corps machine que rien n'arrête, et unique moteur du récit, dernière trace de vie dans un univers de faux semblants et de colifichets désincarnés, connus et pré-digérés par tous.

Autre avis Geoffrey Crété
Film d'action sans âme, sans but ni destination, qui erre et répète la recette d'hier, sans en avoir ni la force ni la fraîcheur. Parfaitement oubliable et oublié.
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commentaires
Zanta
02/06/2019 à 16:51

Tout à fait d'accord, @Dutch
Universal tenait avec ce Bourne Legacy les fondations d'un univers étendu, mais qu'elle préfère à présent tenté de construire avec ses Fast & Dumber.
D'autant qu'il est évident que Renner signerait sans soucis pour revenir pour un nouvel opus, vu que Cruise n'est pas pret de lâcher les Mission Impossible.

Dutch Schaefer
31/05/2019 à 10:52

Etrange, perso j'avais beaucoup apprécié cet opus!
On nous proposait autre chose à se mettre sous la dent...
Résultat, Matt Damon est revenu dans un ultime (???) épisode, qui pour moi reste le pire de la saga! Plus rien à raconter, et un montage à vomir!
Bref, je préfère 1000 fois plus cet "Héritage"!

liberty
31/05/2019 à 10:06

cet héritage est super; oui effectivement Kenneth Gibson et Jason Bourne ensemble serait génial...

Pulsion73
05/03/2018 à 10:33

Et là au moins on avait la possibilité d'avoir un univers étendu. Plusieurs agents rebelles dans des aventures parallèles qui se rejoignent ou se croisent pour faire émerger d'autres programmes expérimentaux et autres sous intrigues, etc. Pour avoir une vue d'ensemble de plus en plus claire.

Colonel Stuart
05/03/2018 à 10:20

Pulsion73: Entièrement d'accord avec ta remarque!
Je suis peut être un des rares, à avoir apprécié cet opus de Bourne!
En tout cas, depuis que j'ai vu le dernier en date, je trouve que cet Héritage a décidément plus de classe!

Pulsion73
05/03/2018 à 09:35

Jeremy Renner égage plus de charisme, d'humanité et d'expressivité que Matt Damon, et est au moins aussi efficace en mode combat. J'aurais bien voulu voir une autre aventure avec Aaron Cross ou au moins en duo avec Bourne. Et ben non ! Ils n'ont pas eu le pif et nous ont servi un énième Bourne terminator peu inventif, ou encore moins que les précédents.

Zanta
04/03/2018 à 16:54

Un dernier acte en forme de pétard mouillé, mais un film d'action très honorable.
Si seulement Damon et Greengrass pouvaient reconnaitre que leur nemesis Gilroy s'en est beaucoup mieux sortis que eux et leur gênant "Jason Bourne".
Cela leur permettrait de reprendre les fils narratifs laissés en suspens par ce quatrième film pour conclure la saga sur un sixième et dernier chapitre incluant Renner, Norton et Weisz.
D'autant que ces trois là ont bien plus de gueule que Lee Jones, Cassel et Vikander.

Geoffrey Crété - Rédaction
03/01/2017 à 01:46

@McFly

Et vous étiez l'heureux élu qui a été témoin de la brèche spatio-temporelle. Chanceux.

McFly
03/01/2017 à 01:36

Vous avez remonté le temps ?

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