Critique : Rock' n' love

Melissa Blanco | 17 avril 2012
Melissa Blanco | 17 avril 2012

Si l'héroïne de Rock'n'Love ne se prénomme pas Lucile, le nouveau film de David MacKenzie n'en regorge pas moins d'amour... et de Rock'n Roll. Tout n'était pas si évident entre Adam (Luke Treadaway) et Morello (Natalia Tena, Tonk dans la saga Harry Potter), chacun leader d'un groupe de rock à l'affiche du célèbre festival T in the Park en Écosse. A la suite d'une bataille d'égo où ils en viennent aux mains, les voilà menottés l'un à l'autre et priés de passer les prochaines heures côte à côte. Une situation incongrue, point de départ d'une charmante romance, forcément un brin étrange comme aime les mettre à l'écran le réalisateur David MacKenzie, dans la lignée de ses films précédents : un oedipe mal placé dans My name is Hallam Foe, une liaison entre un gigolo et une prostituée dans Toy Boy, un amour sur fond de fin du monde dans Perfect Sense... Dès lors, enchaînés l'un à l'autre, Adam et Morello vont peu à peu s'apprivoiser, se découvrant de nombreuses similitudes, à commencer par une passion débordante pour la musique et une solitude partagée.

Hormis une ingénieuse mise en place où les forces du destin prennent la forme d'une simple paire de menottes, Rock'n'Love ne sort jamais vraiment des chemins balisés de la rom com. Pourtant, malgré son manque d'originalité apparent et un schéma scénaristique très classique - ils se détestent, ils s'aiment, ils se détestent, ils s'aiment - il se dégage de l'oeuvre un parfum de fraîcheur. Le film, tourné dans les conditions du direct et réalisé en quatre jours, nous accroche par la peinture de cet événement si singulier qu'est un festival de musique. Entre les batailles de boue, les hot dogs aux prix exorbitants et les concerts jusqu'au bout de la nuit, David MacKenzie retranscrit avec justesse l'énergie et la frénésie d'un instant, contaminant peu à peu personnages et spectateur.

Tout va trop vite dans Rock'n'Love, dans le bon et le mauvais sens du terme. Les personnages secondaires sont drôles mais à peine esquissés, les retournements des situations amoureuses improbables, donnant une sorte de vertige et l'impression d'être pris au piège d'une spirale qu'on ne contrôlerait plus. On boit jusqu'à plus soif, on danse jusqu'au levée du jour, on passe d'un partenaire à un autre, comme si, juste pour quelques jours, hors du temps et loin de tout, tout était permis. Même de retrouver un peu l'esprit de Woodstock, si bien décrit dans le génial documentaire de Michael Wadleigh.

Non, Rock'n'Love n'est pas un grand film mais il a la saveur de ceux faits avec le cœur et la sueur. Un joli duo d'acteurs et un tourbillon de sons et d'émotions hautement contagieux pour qui se laisse volontiers porter. Vivement l'été...

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