Chronicle : critique

Simon Riaux | 23 janvier 2012 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 23 janvier 2012 - MAJ : 09/03/2021 15:58

On n'avait pas ressenti semblable excitation à l'annonce d'un film de super-héros depuis un sacré bout de temps. Sorti de nulle part, le jeune Josh Trank débarque donc sur les écrans avec Chronicle, récit filmé à la première personne des mésaventures de trois adolescents qui, exposés à un artefact mystérieux, vont se retrouver dotés de pouvoirs télékinésiques.

Les plus réticents auront tôt fait de considérer la chose comme un pseudo-phénomène hype marketé à l'extrême, dont la forme n'a pour but que de surfer sur l'engouement autour des found footage et autres aglomérats numériques, dont sont friands les plus jeunes spectateurs. Et ils n'auront pas tout à fait tort, tant la mise en scène de ce premier film, malgré sa maîtrise, est son évidente limite. Le gimmick de la caméra subjective a beau être traité avec une grande rigueur, et ce, dès un superbe plan inaugural, qui aura le mérite de justifier crédiblement son existence, on peste devant les limites esthétiques évidentes du procédé. Un constat que partage visiblement le cinéaste, puisqu'il finira par user de la télékinésie de ses personnages pour faire se mouvoir la caméra, sans jamais pouvoir s'émanciper complètement du dispositif antérieur.

 

photo, Alex Russell (IX), Dane DeHaan, Michael B. Jordan

 

Heureusement, Chronicle vaut mieux que sa forme aussi léchée qu'opportuniste. Le film est un bouillon de culture des plus excitants, où se confrontent une multitude d'influences toutes digérées et amenées avec autant d'apétance que de malice. La plus évidente, Akira, ravira nombre de spectateurs, qui ne pourront s'empêcher de frissoner tout le long du dernier tiers du film, véritable maëlstrom émotionnel et sensoriel. Trank prend un malin plaisir à détourner et subvertir les figures imposées du teen movie, de la soirée alcoolisée en passant par les célébrations lycéennes, sans oublier une aérienne partie de football américain. C'est un univers tout entier d'archétypes et de fantasmes qui prennent corps sous nos yeux.

 

 

photo, Dane DeHaan

 

Cette énergie a pour origine des personnages classiques, mais dont l'écriture et le développement font preuve d'une rigueur trop rares de nos jours. Andrew, Matt et Steve représentent chacun un prototype de super-héros, lesquels vont s'entraîder, s'entraîner, et finalement s'affronter. Au fur et à mesure que leurs rapports évoluent, ce sont des caractères bien particuliers, et autant de possibilités, qui se dessinent, tant et si bien que l'on se surprend rapidement à espérer assister à la naissance d'une véritable saga. En effet, Josh Trank prend soin de laisser de larges part d'ombre dans son récit, et ce jusque dans son final, particulièrement émouvant, mais dont la dernière image vient nous rappeler que les forces de l'esprit pourraient bien nous réserver encore quelques surprises.

 

 

Affiche française

Résumé

Sous ses airs de trip adolescent, Chronicle est un véritable film de super-héros, dans le sens noble du terme. Sans révolutionner le genre, il lui met un sacré coup de fouet, et ringardisent encore un peu plus les ratages de ces derniers mois Green Lantern et Thor en tête. Une double leçon que ferait bien de retenir l'industrie Hollywoodienne, alors que vient de lui être prouvé qu'il suffisait de bien moins que 90 millions de dollar pour transposer Akira, et que trois personnages solidement charpentés valaient mieux que tout les copyrights du monde.

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