Critique : Cloclo

Laurent Pécha | 15 mars 2012
Laurent Pécha | 15 mars 2012

Le mythe et la vie « bigger than life » de Claude François prennent forme sur grand écran. Enfin ! Et on s'étonne qu'un personnage si cinégénique soit resté aussi longtemps dans les limbes des projets cinématographiques. Qu'il revienne grâce à un cinéaste de la trempe de Florent-Emilio Siri constitue une autre surprise. S'il est effectivement bien étonnant au premier abord de voir l'auteur de Nid de guêpes et L'Ennemi intime aux commandes d'un tel biopic, l'atout d'avoir un homme d'images pour transcender le récit souvent très convenu d'une œuvre racontant toute la vie d'un artiste va s'avérer essentiel dans la réussite artiste de Cloclo.

Avec un soin méticuleux et un sens visuel constamment en adéquation avec un personnage qui n'avait de cesse d'aller de l'avant, Siri prend à bras le corps les 138 minutes rondement menées de son film et réussit la sacré gageure de proposer un portrait qui saura toucher autant les fans de la première heure que les profanes pour qui Claude François n'était qu'un « chanteur à paillette ». Pour ce faire, le réalisateur a un allié essentiel en la personne de Jérémie Renier. Difficile d'imaginer un autre acteur que celui qui fut révéler par les frères Dardenne en 2005 tant le comédien belge a su habiter, bien au-delà du simple mimétisme physique - impressionnant il est vrai -, l'interprète de Comme d'habitude.  Parvenant à être constamment crédible durant plus de deux décennies de vie, Renier compose un être attachant aux contrastes fascinants : obsédé par le contrôle et pourtant incapable dans la vie intime de garder prêt de lui les femmes qu'il aime, adoré par des millions et devant vivre avec la souffrance de l'absence de reconnaissance de celui qui comptait le plus (son père trop tôt disparu). Une vraie figure de tragédie accentuée bien sûr par une disparition accidentelle le fauchant en pleine gloire.

Il n'en fallait pas plus pour un conteur comme Siri, bien épaulé par un scénario classique mais diablement complet de Julien Rappeneau, pour nous embarquer dans une épopée exaltante. A l'image d'une reconstitution minutieuse qui sonne toujours juste, de seconds rôles parfaitement castés (toutes les femmes de Claude à commencer par la magnifique Ana Girardot), et d'une mise en scène en mouvement presque permanent (il y a deux plans séquences à tomber) sans oublier ces pures séquences fantasmées (celles avec Sinatra en tête), le réalisateur n'oublie jamais son premier (et unique) objectif : faire du Cinéma ! Et de parvenir avec Cloclo à un mimétisme troublant avec son personnage principal : derrière les strasses et la flamboyance se cache une œuvre bien plus riche et complexe. Beau film !

Résumé

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