My week with Marilyn - critique

Laure Beaudonnet | 26 février 2012
Laure Beaudonnet | 26 février 2012

Michelle Williams est Marilyn Monroe.

Michelle Williams rentre bredouille de cette cérémonie des Oscars où elle était en lice pour la statuette de Meilleure actrice. Une récompense pourtant plus que méritée pour la magnifique comédienne dont l’interprétation incarnée de Marilyn Monroe transcende littéralement la notion de jeu. Troublante de naturel, l'actrice de Blue Valentine campe une Marilyn plus vraie que nature : redoutable vamp, soumise au pouvoir des médicaments. My week with Marilyn raconte l’expérience du troisième assistant de Sir Laurence Olivier, Colin Clark, pendant le tournage du Prince et la danseuse. Une idylle de quelques heures avec la star hollywoodienne qu’il écrira une quarantaine d’années plus tard.

 


Du point de vue de cet apprenti cinéaste, on retrouve les caractéristiques de l’icône névrosée, ambivalente et obsédée par l’abandon. Une personnalité instable formidablement décrite dans le roman de Michel Schneider, Marilyn, dernières séances (2006) qui retranscrivait trente mois de séances psychanalytiques avec le professeur Ralph Greenson. Perdue derrière une image morcelée d’elle-même, Marilyn sombre dans un état apathique, incapable de répondre aux attentes d’une équipe. Une terreur pour les plateaux que John Huston exécrera à son tour pendant le tournage des Désaxés (1960). Et Le Prince et la danseuse est d’autant plus fatal à la star qu’il illustre son expérience quotidienne de femme mal jugée pour sa beauté. Dire qu’interpréter Marilyn Monroe relève du suicide serait un pléonasme. Pourtant, Michelle Williams fait bien mieux que l’incarner, elle la sublime, traduisant ses fêlures avec une retenue bouleversante.

 


My week with Marilyn offre une mise en abîme surprenante qui évapore les traits de son interprète au fil de l’intrigue. Dommage que le film n’ait pas montré plus d’audace formelle. Velléitaire, Simon Curtis semble se laisser distraire par la prestation irradiante de son héroïne, oubliant d’offrir un point de vue. Rendre hommage à la femme la plus romanesque de l’industrie du cinéma demande une dose de folie, sinon des tripes. My week with Marilyn est aussi lisse que son personnage fascinant, mais il aura au moins la vertu d'offrir un rôle à la mesure de l'immense talent de Michelle Williams. Un film mineur pour une comédienne de génie.

 

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