Dredd : justice critique

Patrick Antona | 17 septembre 2012 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Patrick Antona | 17 septembre 2012 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Après une première adaptation bien douloureuse sous l'égide de Sylvester Stallone en 1995, le retour du Judge Dredd sur grand écran se faisait bien désirer. Et pour cause, la création géniale de John Wagner et Carlos Ezquerra, qui fit les grandes heures du magazine britannique 2000 AD, possède un potentiel énorme dont on trouve quelques réminiscences dans les Robocop et autres films de SF destroy. Avec une team britannique aux commandes cette fois-ci, en partie celle de Danny Boyle plus Pete Travis (Angles d'attaque) à la caméra, cette nouvelle version du comic book réussit à redorer de manière bien violente et spectaculaire le blason terni du défenseur de la loi de MegaCity One, même si la charge subversive n'est toujours pas au rendez-vous.

Première bonne nouvelle : avec Karl Urban dans le rôle-titre, Dredd version 2012 acquiert enfin une représentation iconique qui respecte le matériau d'origine (l'emblématique casque n'étant jamais retiré) et l'acteur néo-zélandais se montre à la hauteur, tout en morgue et en répliques lapidaires. Plutôt minimaliste et adoptant le mode du shoot'em up, l'intrigue signée Alex Garland (scénariste de La Plage et Sunshine) opte pour un mix entre Training Day et The Raid. Se faisant, elle permet de pénétrer dans ce futur dystopien de la manière la plus directe qui soit et de faire rapidement corps avec les deux personnages principaux, Dredd en premier et aussi la novice Anderson, dôtée de pouvoirs psychiques qui leur seront bien utiles pour se tirer des griffes du gang de la redoutable Ma-Ma.

 

Photo

 

De cette configuration simple et déjà vue, Pete Travis s'en sort avec les honneurs, avec une caméra mobile. Il multiplie les cadres, évite le piège du film de couloirs, au moins dans ses deux premiers tiers. Mais le plus marquant dans Dredd, c'est la générosité avec laquelle la violence est montrée, n'épargnant personne, et trouvant son apogée dans une scène où les impacts de balle bien gore se trouvent amplifiés par la slow-motion. Il est évident que les auteurs du film n'ont pas voulu faire un blockbuster tout public et renoue ainsi avec intelligence avec les intentions des auteurs du comic, même si un vernis de politique ou de réflexion sociale auraient été les bienvenus pour donner plus de relief à un univers qui se borne à être graphique.

 

Photo , Lena Headey

 

L'autre grande déception vient du manque de caractérisation des méchants, la majorité se révèlant être des cibles bien faciles pour Dredd et sa partenaire. A l'image de Lena Headey quie ne réussit pas à apporter la moindre profondeur à son personnage pourtant bien excitant de femme-caïd au passé torturé. Tout le contraire de la véritable révélation du film, Olivia Thirlby. Dans le rôle pourtant balisé de la rookie de service, la jeune comédienne réussit à exister en tant que véhicule émotionnel tout en se révélant crédible dans les scènes d'action.

 

photo, Olivia Thirlby

 

Au final, Dredd version 2012 est un film rude, violent et correctement torché, loin de la frilosité des actioners pondus par Hollywood ces derniers temps, Dark Knight rises mis à part, mais dont la charge intialement satirique a été vidée de son sens. Si le film tel qu'il est mérite d'avoir sa chance et d'être soutenu (en attendant aussi de le découvrir en 3D), c'est en espérant qu'il y ait une suite qui osera ruer dans les brancards tout en rectifiant le tir. Optimisme quand tu nous tiens ! 

 

Affiche française

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commentaires
Simon Riaux
21/07/2020 à 13:47

@amplifié

"Ouille" en effet, et merci pour le signalement !

amplifié
21/07/2020 à 13:44

"se trouvent amplifier" ouille !

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