Critique : L'Ange du mal

Louisa Amara | 6 septembre 2011
Louisa Amara | 6 septembre 2011

« Je ne suis pas méchant, j'ai juste un côté obscur un peu plus prononcé. » C'est sur cette phrase que se termine la bande-annonce du nouveau film de Michele Placido. Une citation emblématique qui exprime toute la complexité du héros qu'incarne Kim Rossi Stuart. Renato Vallanzasca, braqueur, défraya la chronique dans l'Italie des années 70 et 80. Le titre original "Vallanzasca - Gli angeli del male" résonne pour les italiens comme le « Mesrine » de Richet.

Mais si ces deux criminels dangereux sont entrés dans l'histoire, ils ont chacun une personnalité très différente et surtout Michele Placido refuse d'en faire un héros admirable. Intéressé par les tréfonds de l'âme humaine, Placido a voulu se concentrer sur un personnage qui a semé le chaos et la mort autour du lui tout en fascinant les foules. Gouailleur, charmeur, Vallanzasca, à la manière du Tony Montana selon Brian De Palma veut devenir riche et surtout puissant. S'entourant de ses amis d'enfance et d'hommes de confiance, il devient le roi du braquage et la bête noire des carabinieri.

Le réalisateur tient toutefois à garder une distance et un recul nécessaire pour montrer la folie du personnage. A travers ses crises de paranoïa, son orgueil, sa cruauté, il palie ces moments où sa générosité et son charme pourraient l'emporter et séduire le spectateur. Les personnages secondaires ont toute leur importance car c'est grâce à ces rencontres que Vallanzasca va se révéler de plus en plus incontrôlable. En cela, sa relation d'amitié et de haine avec Enzo, son ami d'enfance drogué, est exceptionnelle de justesse et d'émotion. Kim Rossi Stuart et Filippo Timi, un nom à retenir, ont su montrer en quelques scènes toute la complexité de ces criminels, frères d'armes, prêt à s'entretuer à chaque instant.

Il y a du Scorsese dans ce cinéma de l'exubérance maitrisée, où les larmes et le sang coulent après la liesse des braquages réussis. Vallanzasca est dramatiquement le produit de son époque, d'où la fascination qu'il exerce. L'Italie des années 70 puait la corruption et l'inégalité des chances. De son enfance à son incarcération, ses évasions, jusqu'à l'issue finale, ce sont les grands moments de la vie de ce personnage au code d'honneur intraitable, qui sont passés au crible. Ses amis, ses amours, ses emmerdes en quelques sortes.

Kim Rossi Stuart trouve un rôle à sa mesure, lui qui a longtemps souffert professionnellement d'être « trop » beau. Il prouve, s'il en était encore besoin, qu'il est un acteur talentueux capable de tout jouer. Et l'on se prend à espérer que Michele Placido, après Romanzo Criminale, et cet Ange du mal, le choisira pour un troisième volet de ce qui serait un superbe tryptique de la criminalité italienne des années 70.

 

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