Critique : La Femme du Vème

Simon Riaux | 15 novembre 2011
Simon Riaux | 15 novembre 2011
Le nouveau film de Pawel Pawlikowski est une adaptation très libre, presque dilettante, du roman éponyme de Douglas Kennedy. Si ce dernier n'était pas une réussite absolue, il proposait cependant tout les ingrédients nécessaires à la recette d'un thriller différent, envoûtant et torturé. Curieusement, son adaptation, si elle ne s'encombre pas d'une excessive fidélité, n'est pas loin de souffrir des mêmes qualités et défauts.

La force de cette Femme du Vème demeure son ambiance et son traitement. En nous propulsant dans la psyché tourmentée d'un américain au bord de la crise de nerfs venu, à Paris pour renouer avec sa fille, nous sommes plongés dans un Paris méconnu, rarement représenté, hostile et éclaté. Quiconque est monté à la capitale pour y vivre et a dû s'habituer à sa rudesse, a connu cette inquiétante étrangeté, le sentiment bizarroïde d'arpenter les ruines d'un mauvais rêve. Ce sentiment, Pawel sait le reproduire avec une remarquable sensibilité.

Mais cet itinéraire d'un enfant paumé tire aussi de cette atmosphère évanescente ses limites. En effet, nous ne saurons jamais vraiment de quel mal, supposé ou réel, souffre notre héros, et finissons par nous désintéresser quelque peu des angoisses et inquiétudes du personnage pourtant très bien interprété par Ethan Hawke. De même, le rôle de Kristin Scott Thomas n'est pas assez approfondi pour nous faire ressentir un quelconque mystère, et quand nous parvient la révélation finale, on a bien du mal à voir ce que Pawel a souhaité nous raconter.

Si l'on ressort de cette Femme du Vème déçu, voire frustré, le film demeure en mémoire. Grâce au talent de son metteur en scène, qui a su emballer une entêtante rêverie, mais n'aura su lui faire quitter les limbes. Toutefois, les irréductibles rétifs au charme parisien devraient trouver là un antidote au spleen qui les assaille.

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