Critique : Killing fields

Laure Beaudonnet | 27 décembre 2011
Laure Beaudonnet | 27 décembre 2011
Ami Canaan Mann était attendue au tournant avec son Killing Fields, un thriller épuré, produit par son Michael Mann de père. Il est certain qu'une "fille de" part avec l'embarras du nom, les journalistes se faisant une joie d'ausculter, de comparer, de critiquer, non sans une certaine circonspection. Alors soyons équitables et oublions quelques instants Heat et Collateral pour juger l'opus à sa juste valeur, en tant que presque premier film d'une cinéaste en herbe. Observons ses faiblesses avec bienveillance et louons le geste. Car Killing Fields n'est, certes, pas doté d'un scénario révolutionnaire - deux flics, une victime, un tueur -, mais il a le mérite de traduire un regard.

Voguant dans un espace désolé, le film déploie une atmosphère inquiétante, à l'esthétique proche des illustrations de contes pour enfants où les arbres sont émaciés, dégarnis. Le graphisme plutôt surréaliste assiste une mise en scène sur le fil du rasoir. Toute la justesse du propos repose sur l'ordinaire, jouant avec intelligence sur l'aspect terrifiant du commun. Les personnages sont d'une banalité glaçante, en particulier le tueur. Mais ce qui fait l'intérêt du film, fait aussi sa grande faiblesse car il pâtit justement du manque d'envergure de son anti-héros déviant. Si le Silence des agneaux  agrippe la mémoire c'est parce qu'Hannibal est l'un des sociopathes les plus aboutis : charismatique et envoûtant. Le psychopathe fait entrer (ou non) le thriller dans l'histoire. Il semblerait, malheureusement, que Killing Fields  laisse un souvenir éphémère.

S'il ne laisse aucune trace c'est aussi en raison de sa timidité. Il respecte le cahier des charges, offrant ce qu'il faut de frisson et de gouttes de sueur pour mériter une place dans le registre. Mais il ne tente rien, incapable de témérité. Il délaisse à l'état de friche des sujets pourtant intéressants: la relation entre le flic et l'adolescente, le proxénétisme ambiant, la misère sociale. Se contentant de livrer une mise en scène soignée, il prend le goût de l'insipide, comme son tueur en série.

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