Critique : This must be the place

Sandy Gillet | 20 mai 2011
Sandy Gillet | 20 mai 2011

Paolo Sorrentino ne regarde pas trop en arrière. Entendre par là qu'il ne semble pas chercher à rendre cohérente (point d'échos ou même d'appels d'air d'un film à l'autre) une filmographie pourtant déjà marquante. Comme s'il ne voulait pas que l'exégète ordinaire (d'autres les appellent aussi critique de cinéma) puisse lui coller une étiquette et le ranger dans une des cases du cinéma mondial, d'en faire un pion identifiable en quelque sorte. Et le cinéaste transalpin de passer récemment d'un film hommage à l'univers fellinien avec L'ami de la famille à Il Divo, une réflexion acerbe sur les arcanes de la politique italienne.

This must be the place confirme cette tendance puisque Sorrentino va cette fois-ci chercher son inspiration dans la figure vieillissante d'une star du rock qui s'est retirée depuis plus de 20 ans de la scène. Sean Penn, qui avait été impressionné par Il Divo (lui décernant d'ailleurs, en tant que Président du jury, un Grand Prix du Jury à Cannes 2008), endosse cela façon « nomination pour l'Oscar », sans pour autant susciter le rejet du public. En fait derrière son maquillage à la Manson ou un Edward (aux mains d'argents) qui aurait pris 30 ans dans la gueule, l'acteur déroule sa petite musique qui touche parfois, tout en faisant avancer un récit en deux parties bien distinctes. La première voit un homme trainer une petite déprime et une mélancolie à peine divertie par sa femme (Frances McDormand que l'on voit trop peu mais toujours aussi épatante) et sa belle fille qui semble adopter en creux le même style de vie un peu « no future ». Quand il est rappelé au chevet de son père mourant. Le temps de prendre un paquebot (la rock star a peur de l'avion) pour rejoindre New-York et celui-ci meurt. Brouillés depuis 30 ans, le voici apprenant que son père a consacré quasiment toute sa vie à retrouver un nazi qui l'avait « humilié » alors qu'il était emprisonné dans un camp de concentration durant la seconde guerre mondiale.

Cette deuxième partie prend alors une connotation toute autre pour devenir une sorte de road movie bien trop prévisible. Entre recherche de racines un peu floues et finalisation de l'œuvre d'une vie par transmission filiale. Pour autant Sorrentino retombe in fine sur ses pieds via une pirouette finale salvatrice, prenant du recul avec son propos qui devenait bien trop lourd et s'amusant de lui-même de la sortie de route de son film. Démarche saine s'il en est mais pas suffisante pour complètement effacer l'impression d'une oeuvre mineure s'adossant sur un acteur en semi roue libre.

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