Intouchables : Critique

Sandy Gillet | 1 novembre 2011
Sandy Gillet | 1 novembre 2011

Le premier plaisir que l'on a en découvrant Intouchables, c'est avant la projection. Quand on lit le duo à l'affiche. Cela fait tout simplement plaisir de se dire que l'on ne va pas se taper un énième Eric & Ramzy, Boon et Poelvoorde, Clavier et Reno (encore que cela fait un moment qu'on ne les a pas vu ensemble. Qui s'en plaindra au demeurant ?), Dubosc et son ego, Kad Merad (il se suffit à lui-même pour étriller un film). 

Bref, cela fait un bail que l'on sort des salles en se lamentant de ne jamais plus voir des alchimies dorénavant légendaires tel qu'un Lhermitte / Noiret dans Les Ripoux ou un Pierre Richard / Depardieu qui ont enchantées le « genre » de prédilection de notre cinéma dans les années 80. Après il faut juger sur pièce comme on dit. Mais le pedigree de François Cluzet et celui Omar Sy ne pouvait qu'intriguer dans ce que la « confrontation » allait donner à l'écran.

 

 

On va laisser tomber les superlatifs d'entrée pour simplement dire que cela marche à 200%. Les deux hommes/acteurs s'entendent comme larrons en foire jouant avec et de leur texte de la plus belle des manières. On en oublierait que tout cela est écrit à la virgule près par un autre duo, cette fois-ci derrière la caméra. C'est qu'il fallait bien deux réals pour engendrer ce petit bijou de rires francs et d'émotions palpables au détour de chaque plan. Ils ne sont en effet pas de trop pour relever une spécialité française limite moribonde qui se vautre derrière la forêt chti ou celle des campings des Flots Bleus. Quelque chose qui sache attirer le plus grand nombre sans pour autant verser dans le populisme primaire. Un équilibre qu'avait su en son temps relever un Veber, un Zidi, un Jean-Marie Poiré ou un Bertrand Blier marquant sur la durée leur décennie respective.

 

 

Eric Toledano et Olivier Nakache sont pour le coup bien en passe de prendre cette relève tant attendue et d'imposer définitivement leur style et leur griffe au sein de notre cinéma. On se souvient qu'ils avaient déjà engendré le très réussi Nos jours heureux qui jouait avec nos souvenirs d'enfance sans pour autant verser dans la nostalgie à tout crin. Tout le monde avait alors bien repéré le potentiel brut de pomme d'Omar qui se tapait (dans le film faut-il le préciser) la belle et en chaire Balasko fille. Le même Omar que l'on retrouvait en ambulancier (euh pardon médecin urgentiste) dans Tellement proches, film moins abouti mais aux dialogues qui faisaient toujours autant mouches.

 

 

Cette même écriture on la retrouve ici mais avec une prise de risque bien plus importante confinant sans doute à une certaine forme de maturité que réclamait cette histoire vraie d'une rencontre improbable. Celle entre un riche aristo devenu tétraplégique à la suite d'un accident de deltaplane et d'un jeune de banlieue. Tout les séparait mais finalement tout va les réunir. La mécanique est connue, éculée même (on pense à La chèvre et dans une moindre mesure au Diner de cons), mais cela marche comme aux premiers jours. La faute donc aux acteurs. Cluzet n'a jamais été aussi bon dans le genre que depuis Les Apprentis de Salvadori et son binôme avec le fils Depardieu. Et que dire d'Omar sinon que sans tirer la couverture à soi il provoque tous les lauriers à commencer par celui du futur César du meilleur espoir masculin (ou pourquoi pas du meilleur acteur). Bref on rit, on sèche nos larmes et à la fin on remercie ces auteurs de nous avoir donné tant d'émotions en si peu de temps mais surtout d'avoir su prendre à bras le corps un sujet casse-gueule (comment rigoler d'un et avec un handicapé ? Réponse « pas de bras, pas de chocolat ») pour en faire un film à la sincérité désarmante et qui fera date à n'en pas douter.

 

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