Critique : Les Winners

Laure Beaudonnet | 30 août 2011
Laure Beaudonnet | 30 août 2011
Mettez une bande de losers sympathiques, plus dépressifs les uns que les autres, ajoutez un adolescent taciturne, mutique, mais carrément brillant en lutte, et vous avez Les Winners. Thomas McCarthy nous avait laissé le souvenir agréable de The Visitor, servant un Richard Jenkins parfaitement lugubre et poussiéreux qui finit par s'adonner aux joies des percussions grâce à la rencontre improbable d'un jeune couple de sans papiers dans son appartement new-yorkais. De même, Les winners dissèque les relations entre Mike Flaherty (Paul Giamatti), un avocat véreux au bord de la faillite, et le jeune Kyle qui n'auraient certainement jamais du se connaître. Une rencontre qui résulte d'une obscure décision de filouterie du juriste pour tenter d'amasser l'argent du grand-père sénile de l'adolescent. Autant dire que ce qui devait rester dissimuler ne le restera pas bien longtemps et que la petite vie tranquille de la famille Flaherty se voue à des mutations structurelles plus que dépaysantes.

Thomas McCarthy semble se délecter du thème de la rencontre fortuite. Comme observant d'en haut ce qu'une cohabitation inattendue entre des étrangers peut engendrer comme réactions tant hystériques que bienveillantes. Le potentiel comique est pressé jusqu'à sa dernière goutte, conservant le ton grinçant qu'on reconnaît au cinéaste. Ainsi, Les Winners endosse tour à tour le costume de comédie et de drame à l'ambiance plus pesante. Les personnages - attachants parce que bancals - finissent par attendrir avec leurs failles, pour ne pas dire crevasses. Comme une bande d'enfants dépassés par les embûches de la vie, incapables de sortir la tête de l'eau, dont la découverte du talent de Kyle devient l'espoir tant attendu. Un trésor que tout le monde s'arrache pour briller à ses côtés. 

L'intrigue est structurée autour des matchs de lutte que Kyle pulvérise à tous les coups. On retrouve le suspense acidulé des combats des Rocky où le public ne peut s'empêcher d'aider son héros en frappant dans le vide du haut de son strapontin. Thomas McCarthy parvient assez curieusement à créer rires et émotion tout en insufflant l'aspect "aventure", caractéristique des films de combat auxquels il aurait manqué le brin de réflexion que l'on retrouve ici. Difficile de ne pas se laisser embarquer par la douceur des relations et par le cœur tendre de Mike qui se raccroche avec force au génie de Kyle, dernière lueur dans sa vie morose. Une petite douceur pimentée par des personnages loufoques dont les oripeaux du grotesque laissent place à une jolie tendresse. 

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