Critique : L'Aube rouge

Patrick Antona | 30 août 2013
Patrick Antona | 30 août 2013

Film médiocre qui en son temps d'idéologie reaganienne dominante dans l'Amérique des années 80 avait bien fait ricaner, L'Aube Rouge de John Milius avait gagner avec le temps une forme de plaisir à la fois nostalgique et coupable, surtout en souvenir de son casting de jeunes pousses (Patrick Swayze, Charlie Sheen, Lea Thompson, C Thomas Howell) et de quelques scènes d'action bien troussées.

Hollywood, qui n'est jamais en reste pour ressortir les vieux pots dans lesquels on fait les meilleures soupes (lucratives) nous concocte ici un remake produit par la MGM, prévu initialement pour 2009, avec toute la pyrotechnie et la technique des SFX du moment en changeant "subtilement" la donne :  les agresseurs du sol américain ne seront plus des russes et des cubains mais des chinois... Sauf que l'idée tourne vite au cauchemar au vu des risques de fâcher (économiquement) la toute puissante Chine et son ouverture au capitalisme et aux productions hollywoodiennes, des millions de spectateurs pouvant disparaître via la menace d'embargos. Il est alors décidé de retarder la sortie du film, le temps de nettoyer toute référence faite à l'Empire du Milieu et de transformer les méchants chinois en nord-coréens revanchards ! Et L'Aube Rouge nouvelle version de sortir plus de 3 ans après les prévisions initiales (la MGM étant encore passée entretemps à deux doigts de la banqueroute), manière aussi de se rentabiliser sur la renommée acquise de Chris Thor Hemsworth, promu chef des Wolverines en digne héritier de Patrick Swayze. 

Au bilan, on se retrouve avec un des pires actioner du moment, qui n'arrive même pas à nous faire rire avec son nouveau postulat de départ (faire croire que la petite Corée du Nord puisse réussir à poser pied en Amérique du Nord c'est comme croire que Saddam Hussein avait des ADM en 2003) et dont la pauvreté d'exécution des scènes d'action fait peine à voir, alors qu'il aurait fallu faire simplement un copier-coller de celles de 1984. La preuve en est dans ce climax voulu tendu et explosif qui est , au final, complètement ruiné par une réalisation approximative et un montage aberrant, alors que celui qui est aux manettes n'est autre que le responsable de la seconde équipe des Jason Bourne et des Spider-man de Sam Raimi !

Quant aux comédiens, ils assurent le service minimum, coincés dans un scénario qui se perd entre love-story à la sauce teenager bien niaise et poussées de testostérone fades, le tout saupoudré de dialogues ronflants qui font passer Michael Bay pour du Shakespeare. Qui plus est, comme l'humour, voire une certaine distance, est complètement oubliée, toute potentielle empathie avec les différents protagonistes est annihilé laissant un spectacle des plus pénibles à regarder. 

Pour se payer une bonne tranche de nord-coréens avec plaisir, il est donc fortement conseiller de (re)voir Team America, Police du monde de Trey Parker et Matt Stone.

Résumé

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