L'Ordre et la morale : Critique

Laurent Pécha | 16 novembre 2011
Laurent Pécha | 16 novembre 2011

Les errements hollywoodiens et leur bilan désastreux enfin derrière lui, Mathieu Kassovitz revient au bercail pour porter à l'écran une page sombre de notre Histoire, celle de la prise d'otages sur l'île d'Ouvéa en Nouvelle-Calédonie à la veille des élections présidentielles de 1988. Portant en lui ce projet depuis des années, l'auteur de La Haine démontre qu'il peut être un remarquable conteur d'histoire lorsqu'on lui laisse les coudées franches.

 

S'appuyant sur des éléments à charge de personnes ayant vécu le drame, à commencer par Philippe Legorjus, le capitaine du GIGN en charge des négociations entre l'Etat français et le groupe d'indépendantistes Kanaks, Kassovitz fonce bille en tête dans ce qu'il pense en son fort intérieur être la vérité absolue. Son Ordre et la morale n'est ni un documentaire ni une œuvre de propagande, c'est juste un sacré morceau de cinéma rappelant que le monsieur a un talent inouï ne demandant qu'à s'épanouir dans un milieu favorable.

 

 

Qu'importe qu'il invoque parfois avec un peu trop d'insistance les fantômes d'Apocalypse Now ou qu'il s'offre en guise de final une variation (habile) du Soldat Ryan, on est juste content de voir que Kassovitz a retrouvé le chemin de son cinéma. Celui qui lui permet de s'offrir quelques plans séquences d'exception à l'image de la reconstitution du kidnapping, un tour de force technique à la virtuosité étourdissante. Mais ce que l'on aime encore plus chez ce Kasso là, c'est sa conviction de narrateur parfaitement préparé qui sait judicieusement amener ses spectateurs d'un point A à un point C en n'oubliant pas le point B. Sa reconstitution des événements se suit comme un (bon) livre d'histoire, didactique sans être rébarbative.

 

 

Certains diront qu'elle est aussi bien engagée mais c'est aussi le propre de l'artiste de se mouiller. Et de ce côté-là, difficile de reproche au cinéaste de nous prendre en traître quand on connaît quelque peu ses convictions politiques. En faisant œuvre de mémoire, Kassovitz refait parler de lui comme il aurait toujours du le faire, raccrochant ainsi les rails d'un passé glorieux. L'Ordre et la morale est arrivé à point nommé !

Et puis si vous êtes réfractaires à la démonstration du monsieur, vous pourrez toujours, comme l'auteur de ces lignes, prendre un malin plaisir à lire entre les lignes et trouver que les évènements vécus par Legorjus font écho de manière troublante à la propre carrière de Kassovitz.

 

Résumé

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