Critique : Une folle envie

Simon Riaux | 19 mai 2011
Simon Riaux | 19 mai 2011
Faire un enfant, la chose peut sembler gentiment commune, étape obligée, somme toute banale, de la vie d'un couple. Bernard Jeanjean entend justement nous prouver le contraire avec son nouveau film, soit les déboires d'un couple uni et bien sous tout rapport (c'est le cas de le dire), qui n'arrive pas à concevoir, malgré une bonne volonté des plus vigoureuses. Pour incarner ces parents en devenir, Clovis Cornillac et Olivia Bonamy forment un duo savoureux, principal attrait du long-métrage.

Soit, à part des intentions classiques, pour ne pas dire bonnes, que reste-t-il au film, qui ne relève pas immédiatement de l'identification facile ? Des personnages pardi ! Telle est la qualité première d'Une folle envie, comédie aussi bancale que sympathique. En effet, Clovis Cornillac et Olivia Bonamy forment un couple criant de vérité, comme on en avait pas vu de par chez nous depuis un bon moment. Leurs personnages n'ont rien de révolutionnaire, mais sont excellemment bien écrits. Quel sentiment plus terrible que celui de l'échec, quelle angoisse plus sourde que celle d'être différent ? Les deux personnages principaux du films auscultent sans cesse ces questions, auxquelles ils ne trouvent pas toujours de réponse. De leur relation, solaire, mais jamais idolâtre, naît le principal attrait du film.

Malgré ces évidentes qualités, le film ne peut s'empêcher de dérailler plusieurs fois. On se demande avec embarras ce que vient faire là un couple dont on devine en trois plans concupiscent qu'il doit être un tantinet libertin et tentera tôt ou tard de filer un coup de main (et pas que) à nos héros désarçonnés. Le long-métrage perd ainsi du temps, à moins qu'il ne tente d'augmenter artificiellement sa durée, erreur étonnante, tant l'ensemble eut gagné à être plus rondement mené. On s'interroge également sur les séquences animées, visuellement repoussantes, jamais dans le ton du film, et qui évoquent plus un délire de pubard sous acide, que des respirations bienvenues.

Jusque dans ces maladresses, le réalisateur a l'intelligence de ne jamais abandonner un enjeu, un personnage, ou une motivation. Une folle envie s'avère, non pas comme un film indispensable, mais comme une oeuvre dont la modeste humanité reste en mémoire, et mérite qu'on s'y penche, à fortiori en cette saison de foire d'empoigne Cannoise.

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