Critique : Pieds nus sur les limaces

Sandy Gillet | 1 décembre 2010
Sandy Gillet | 1 décembre 2010

À l'évidence le deuxième film de Fabienne Berthaud ne ressemble pas beaucoup à la production ambiante française. Pas tout à fait une comédie, encore moins un drame humain ou une étude de caractère, Pieds nus sur les limaces ne se donne en effet pas comme cela. C'est d'abord un film dense sur deux sœurs que la vie a séparé et que tout sépare. L'une est mariée, travaille et semble s'accomplir dans une grande ville (Diane Kruger qui force encore une fois l'admiration). L'autre a refusé de grandir et vit avec sa mère dans une grande maison un peu isolée à la campagne (Ludivine Sagnier qui signe là un joli retour dans un rôle exutoire).  

Un équilibre précaire que le décès de leur mère va mettre à mal forçant les deux sœurs à se réapprendre et à réinventer leur filiation. Le récit prend alors un ton plus onirique quoique souvent très dure, mâtiné d'une sorte de fable solaire et sensuelle. Pour y arriver Fabienne Berthaud s'appuie sur ses actrices à qui elle demande beaucoup calquant sa mise en scène sur un regard, un changement de trajectoire, une brise légère faisant bruisser les feuilles des arbres. On pourrait croire que tout ceci est aérien mais en fait la réalisation n'a pas de liant et se fait juste admirative de ce qui se passe devant la caméra. Une liberté de jeu et de situations dont on profite à plein mais qui finit par lasser quelque peu car chaotique et sans véritable arc narratif si ce n'est la thématique de la rédemption naïve forcément un peu juste pour maintenir l'attention du spectateur.

Le fait est que l'on se détache peu à peu de tout cela pour n'être au final qu'une sorte de témoin très en retrait d'une histoire qui ne veut pas de nous et qui se suffit en fait à elle-même. On se raccrochera alors à la beauté plastique de l'ensemble (merveilleuse photo  faite de lumières « naturelles ») et à la richesse intrinsèque des personnages dessinés avec subtilité, pudeur et amour. Pour le reste on pourra toujours se plonger dans le livre éponyme écrit par Fabienne Berthaud herself.  

Résumé

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commentaires
TARA
13/02/2023 à 22:37

Malgré l'ode à la Nature et peut-être aussi au naturel, ce film déconcertant finit par lasser.
SI le jeu des actrices est magnifique, on frise invraisemblance et la lassitude. En fait, un goût de trop c'est trop finit par devenir pénible. Dommage, un ton en-dessous et ce pourrait être un excellent film.

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