Critique : L'Étrange affaire Angélica
Isaac, persuadé d'avoir vu Angélica vivante sur ses clichés, tombe désespérément amoureux d'elle, jusqu'à l'épuisement. Une manière de s'intéresser à l'amour comme d'un état proche de la folie. Tomber amoureux comme on tomberait malade, autrement dit. Ici, le sentiment est d'autant plus aberrant qu'Angélica est morte. Non seulement on perçoit la référence à toute une littérature sur l'amour et les méfaits de la passion : l'aveuglement, l'absolu et l'inconditionnel, enrobés d'un portrait onirique de la figure de l'ange. Chaque scène est riche de références visuelles et analytiques. Au carrefour de la mythologie et de la religion, le film a la qualité de donner des pistes de réflexion sur des thèmes philosophiques. D'où cette envie de faire le lien avec Raoul Ruiz. Malheureusement, à la différence de ce dernier, le cadre intellectuel ne suffit pas à maintenir son public en haleine.
Le suspense que présuppose le fantastique peine fâcheusement à prendre corps. Le rythme ne parvient pas à garder les sens en éveil, donnant par instant un triste sentiment de répétition. On comprend chaque intention, mais il semble qu'elle ne s'épanouisse jamais entièrement. Le mystère qui enveloppe Isaac tout le long du film finit par brouiller la compréhension du personnage. Ni empathie, ni attachement pour lui ne naissent. Ni même l'envie de faire un effort pour le comprendre. Pourtant, le film remplit le cahier des charges, que ce soit sur la forme ou sur le fond. L'étrange affaire Angélica est comme un bon élève dont la perfection étouffe la personnalité. Un brin de folie ne lui aurait définitivement pas fait de mal. Triste constat pour un film qui tente de poser un cadre à l'obsession amoureuse.
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