Critique : The Dinner

Melissa Blanco | 9 novembre 2010
Melissa Blanco | 9 novembre 2010

Alors qu'il aura fallu moins d'un an aux américains pour produire - et sortir - le remake de Morse, Laisse-moi entrer, ou pour lancer le tournage de celui de LOL, plus de douze ans auront été nécessaires à la mise en place du remake du Dîner de cons, comédie écrite et réalisée par Francis Weber. Soit Dinner for Schmucks, mis en scène par Jay Roach - déjà à la tête des sagas Austin Powers et Mon beau-père et moi - dont il ne reste, en réalité, du film initial que la trame principale. Pierre, devenu Tim au pays du bretzel, doit, pour espérer une promotion, ramener lors d'un dîner annuel un imbécile doué d'un talent unique. Doté d'une conscience et d'une éthique dont semble dépourvus ses collègues, Tim aura bien du mal à entrer dans la compétition... jusqu'à ce que le destin place sur son chemin Barry, artiste à ses heures perdus. Reproduisant de célèbres oeuvres d'arts avec des gerbilles empaillées, là où Jacques Villeret reproduisait lui des monuments avec des allumettes. Entre les deux hommes, le rendez-vous est pris. Pour le meilleur... et surtout pour le pire. Responsable malencontreux du départ de la petite-amie de Tim, Barry fera alors tout pour les réconcilier, enfonçant un peu plus le clou d'une situation déjà bien alambiquée. Un dos blessé - puis réparé - plus tard et les voici donc, bras d'ssus, bras d'ssous, parti à la recherche de la bien-aimée. Vous l'aurez compris, là où Francis Weber favorisait le huis clos pour mieux créer une comédie basée sur l'art du dialogue et du jeu de mots, Jay Roach et ses compères, eux, démultiplient les lieux d'action, jouant maintenant d'un comique de situation. Atteignant alors ce qui se fait de pire dans la comédie américaine contemporaine, alliant humour régressif - pour ne pas dire débilisant - et situations outrées. Délaissant le vaudeville au profit d'un comique grotesque. Mouais. 

Pourtant, il y avait de quoi être alléché par cette relecture, à commencer par la rencontre, certes pas neuve mais toujours aussi stimulante, entre Steve Carell et Paul Rudd. Si ce dernier écope d'un rôle qui semble lui coller à la peau, à savoir celui du beau gosse au grand coeur, faisant par la même du personnage initialement incarné par Thierry Lhermitte non plus un bourreau mais une victime, Steve Carell, lui, s'en donne à coeur joie en imbécile. Il est ainsi assez hilarant, toutes dents dehors, surjouant l'abruti avec plus ou moins de subtilité. Et alors que le film original reposait uniquement sur son duo central, The Dinner  fait la bêtise de s'étendre sur une galerie de personnages beaucoup plus large et particulièrement caricaturale. De l'ex nymphomane au peintre aux goûts douteux. Embourbant doucement le film dans une intrigue insignifiante. Car le remake du Dîner de cons ne met pas au centre de son récit le dîner - ou ces préparatifs - mais bien les retrouvailles entre Tim et sa belle. Partant dans des digressions inutiles, cherchant à alimenter un scénario bien creux. Jusqu'à ce que le dîner refasse subitement surface, introduisant de nouveaux personnages, à commencer par ce gourou incarné par Zack Galifianakis, devenu depuis Very Bad Trip une sorte de guest-star de luxe dans la majorité des comédies américaines. Mettant surtout en scène la pièce manquante du Diner de cons, à savoir le diner même. Et c'est parti pour une séquence de "haute volée", alignant émotions - les gerbilles ! - et embarras quant à la pauvreté de certains gags. A l'image du film même. 

Révision d'un classique de la comédie française pour remake raté, The Dinner aligne ainsi les fautes de goûts, ne nous arrachant que quelques maigres sourires face à une série de répliques cocasses extrêmement minimes - Oh, Morgan Freeman ! Reste le plaisir de voir à nouveau Steve Carell sur grand écran... on se réconforte comme on peut.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire