Critique : Le Flingueur

Simon Riaux | 5 avril 2011
Simon Riaux | 5 avril 2011
Pour Sylvester Stallone, Jason Statham représente l'avenir du cinéma d'action, on pouvait donc se demander ce qui allait sortir de ce remake du Flingueur, de Michael Winner  avec Charles Bronson. Le résultat, sans surprise, laisse un goût amer dans la bouche, et interroge quant à la légitimité même du projet.

Le premier constat qui s'impose, c'est que Jason Statham n'est pas Charles Bronson. Le comédien assure le strict minimum, composant un tueur à gages dont on ne sait trop s'il est constipé ou vraiment pas bavard. Mais le problème principal vient de Ben Foster, qui fait de son mieux pour être mal rasé et fumer des cigarettes, mais oublie au passage d'avoir du charisme, du relief. Ni lui ni le scénario ne donneront jamais corps au sous-texte homosexuel qui irriguait l'original, et lui conférait une ambiguïté palpable. De même, le trouble créé chez le spectateur par les agissements de Arthur Bishop, lorsque Charles Bronson abattait sans ciller son mentor, faisait beaucoup de l'intérêt du Flingueur de 1972. Son avatar 2010, lui, ne le tue qu'à grands regrets, et encore parce qu'on lui donne de bonnes raisons pour le faire. Ce lissage du propos gène d'autant plus que le reste du film demeure extrêmement proche de celui qu'il copie, reprenant sa structure quasiment à l'identique.

Simon West (perdu pour le ciné depuis Les Ailes de l'enfer) réalise le tout aussi sérieusement que sans inspiration. Les scènes d'action sont musclées et très correctement réalisées, pour peu qu'on ne s'attende pas à être surpris. Le tout ne manque parfois pas de maîtrise, mais cette dernière évoque plus une sorte de pilotage automatique très bien huilé plutôt qu'une quelconque intention narrative. Le film fait penser sur le fond comme sur la forme à une sorte de Transporteur 4, ou François Berléand aurait été remplacé par un sidekick encombrant. Pris comme tel, le long-métrage réserve quelques séquences d'assassinats réactionnaires (ici on ne tue que des narco-trafiquants, des gourous lubriques, ou des collègues gays !) assez jubilatoires. Heureusement, voir Jason Statham mettre fin à l'existence de ses semblables est toujours un spectacle aussi réjouissant. Mais mineur !


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