My Own Love Song : Critique

Sandy Gillet | 6 avril 2010
Sandy Gillet | 6 avril 2010

L'Amérique pour Dahan, et comme pour beaucoup de français (artistes ou non), c'est un monde où tous les rêves sont possibles et tous les fantasmes réalisables. C'est une société en sans cesse mutation qui peut se repaître de ses enfants et dans le même temps engendrer des sentiments et des actes d'une rare noblesse. L'Amérique est le pays des extrêmes où la poésie d'une mélodie peut se fracasser sur le bitume d'une route assassine. 

Celle qu'emprunta le personnage joué par Renée Zellweger, ex chanteuse à succès, est synonyme de fauteuil roulant à vie. À ce titre la première séquence qui révèle son handicap alors qu'elle se fait draguer par un VRP multicartes de passage un soir dans le bar de sa ville, donne le ton d'un film qui n'hésite jamais à pousser de plus en plus loin le bouchon d'une imagerie certes fourre-tout mais au diapason d'une histoire littéralement « incroyable ».

 

 

C'est toute la beauté de My own love song : arriver à nous faire prendre des vessies pour des lanternes et d'en être content en plus. Car Dahan ne fait rien moins qu'utiliser le procédé ultra classique du road-movie pour nous raconter l'histoire éculée et prévisible de cette femme qui recevant une lettre de son fils qu'elle a confié à une famille d'accueil, se voit embarquer par son ami un peu fêlé du bulbe (Forrest Whitaker égal à lui-même) sur les routes du sud des États-unis excavant un passé qu'elle s'était pourtant jurée de ne plus jamais exhumer... La route comme thérapie des névroses les plus profondes, on connaît donc. Mais la route représentée ainsi, on l'avoue on est encore sous le charme.

 

 

La faute d'abord à une bande musicale signée Bob Dylan à la fois envoûtante et particulièrement en phase avec la mise en scène souvent hypnotique de Dahan. La plus belle des séquences est d'ailleurs la rencontre nocturne dans une cabane perdue du delta du Mississippi avec le bluesman Charles Caldwell interprété par un Nick Nolte savoureux. Les notes de musique que la brise glacée étouffe d'abord sont comme le métronome d'une partition que le cinéaste maîtrise à la perfection même si consciemment ou non il aime à se laisser griser par tant d'harmonies.

 

 

Dahan a depuis toujours en tête une certaine idée de l'Amérique. Celle de l'artiste étranger qui regarde cela avec une certaine concupiscence abstraite. Sa mise en scène faite d'emphase souvent maladroite (Les rivières pourpres 2, Le petit poucet...) et de grandiloquence assumée (La môme) l'on prouvé en soi. Avec My own love song il semble pourtant s'en détacher, limitant les écueils grâce à ce don qu'il a depuis toujours de diriger à merveille ses acteurs (l'ouragan Cotillard là-bas, le miracle Zellweger ici) mais aussi par cette propension pour une fois délicate de les plonger dans un univers certes « chargé » mais qui fait sens avec la linéarité de l'histoire. On peut ne pas aimer le parti pris mais on ne pourra nier à l'homme derrière la caméra une bien belle façon de nous toucher au cœur !

 

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