Biutiful : Critique

Sandy Gillet | 17 mai 2010
Sandy Gillet | 17 mai 2010

Virage à 90° pour Iñárritu. Exit Guillermo Arriaga, son scénariste de toujours pour une partition écrite à plusieurs (Armando Bo et Nicolás Giacobone) et sur mesure pour son interprète Javier Bardem. Exit donc les montages alternatifs, les actions éclatées dans le temps et l'espace. Exit enfin un système qui avait pourtant fait ses preuve mais qui aux yeux du cinéaste a certainement trouvé ses limites avec Babel, son précédent film.

Résultat ? Très clairement, Iñárritu est un peu paumé face à ces nouveaux codes et règles du jeu qu'il s'est imposés. Mais en se recentrant sans cesse sur son personnage principal, il arrive à mener sa barque jusqu'au bout se permettant au passage quelques fulgurances de mise en scène dont lui seul à le secret. Une perte de repères qui passe justement par cette centralisation de l'action obligeant Iñárritu à moins de digressions. Le voici donc « assigné » à suivre au plus près les aléas d'un homme condamné à très court termes par la maladie et qui veut donc avant d'effectuer littéralement un nouveau voyage s'assurer qu'il laisse derrière lui les choses en ordre.

 

 

Énoncé ainsi on se dit que l'on va prendre cher sur plus de deux heures. Et pourtant cette chronique a priori ordinaire se révèle à l'écran passionnante. La « faute » à une mise en scène décalée et sur-signifiante qui donne au film un petit air fantasmagorique bienvenu accentué aussi par le personnage de Bardem qui peut converser avec les morts en partance vers l'au-delà. On est en fait frappé par tant de pathos et  d'envie de tout expliquer qui au lieu de plomber le film lui donne même le temps de quelques séquences clés un côté aérien étonnant.

 

 

La prestation de Bardem y est aussi pour beaucoup non dans l'empathie qui n'existe pas vraiment mais dans la propension qu'à son jeu à nous imposer son personnage tel qu'il est mais aussi tel que fantasmé par le cinéaste. Une dichotomie qui fait tout le sel de son chemin de croix en quelque sorte... Iñárritu s'y adossant pour se délivrer de quelques certitudes qui à force aurait pu gripper une machine par ailleurs trop bien huilée.

 

Résumé

Film un peu OVNI qui se suffit à lui-même, qui ne s'abreuve que de peu d'influences et qui n'a aucun message à délivrer ni leçon de moral à donner, Biutiful n'a pas fini d'étonner et est sans conteste une étape, à maints égards, importante dans la filmo du réalisateur mexicain.

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