Critique : Les Chèvres du Pentagone

Thomas Messias | 10 mars 2010
Thomas Messias | 10 mars 2010

Les fans d'Avatar - il y en a - n'en croiront pas leurs yeux : Les chèvres du Pentagone commence par un gros plan sur le visage buriné de Stephen Lang, qui incarne ici... un militaire. Après avoir défié le spectateur du regard, il finit par foncer dans un mur comme s'il était persuadé de pouvoir le traverser. La bonne grosse gamelle que se prend le vieux général n'est que le premier d'une très longue série de gags aussi frappants que surréalistes : Les chèvres du Pentagone n'est vraiment pas une comédie comme les autres. Le premier film de Grant Heslov, ami et collaborateur de George Clooney depuis des lustres, est aussi barré qu'impossible à résumer, mais c'est globalement l'histoire d'un journaliste qui enquête sur un programme militaire dans lequel sont recrutés des soldats aux pouvoirs psychiques rares, genre tuer des hamsters par la pensée. Ou des chèvres. D'où - en gros - le titre.


Inspiré d'un roman, le film joue la carte du délire jusqu'au boutiste bidouillé entre potes. Sauf que les potes en question ne sont pas vos collègues de bureau, mais des types nommés Clooney, McGregor, Bridges ou Spacey. Et que le directeur de la photo se nomme Robert Elswit, récemment à l'oeuvre sur - entre autres - There will be blood. C'est quasiment là que le bât blesse, même s'il est assez difficile de reprocher à Grant Heslov l'étendue de son carnet d'adresses : le film ressemble régulièrement à la carte de visite d'un réalisateur persuadé de devoir faire appel à ses nombreuses relations pour arriver à se faire connaître.


Heslov a pourtant plus d'un tour dans son sac : il fait preuve de cohérence et d'obstination dans le délire, croyant apparemment dur comme fer au potentiel de son scénario. Celui-ci réserve en effet son lot de personnages barrés et de situations surprenantes, le tout au service d'un propos à peine voilé sur les ravages de la guerre sur ses participants. Le personnage du grand Jeff Bridges (félicitations pour ton Oscar, vieux), un vétéran reconverti en gourou, est sans doute le plus drôle et le plus édifiant du lot. Reste que Les chèvres du pentagone n'ira jamais vraiment au-delà de la petite folie sans prétention : trop bavard pour parfois pas grand chose, il n'atteint des sommets comiques qu'à travers une ribambelle de gags visuels fonctionnant principalement sur la surprise. Chutes et accidents de voiture sans conséquence constituent la principale ressource de ce film rigolo, truffé d'acteurs qu'on aime, mais qui n'est ni M*A*S*H* ni Les rois du désert.

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