Predators : Critique

Patrick Antona | 11 juillet 2010 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Patrick Antona | 11 juillet 2010 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Après la jungle équatoriale pour le film original, la jungle urbaine pour sa séquelle, et l'intermède bien décevant de ses deux matchs contre Alien, notre prédateur préféré à la coupe rasta et avec sa « gueule de porte-bonheur » nous revient pour un safari organisé par ses soins. Sur une planète-réserve où sont violemment déposées ses proies, il s'adonne à son jeu préféré, la chasse à l'homme. 

Tentant de renouer avec la formule qui avait fait le succès du chef d'œuvre de McT, Nimrod Antal, épaulé par Robert Rodriguez qui semble maître à bord, avait les clés en main pour livrer un film d'action badass et furieux qui nous aurait ramené au bon vieux temps de productions pétaradantes de Joel Silver. Malheureusement, on est bien loin du compte, avec un suspens qui s'étiole vite fait, sans atteindre le sommet espéré, des scènes d'action certes efficaces mais malheureusement sabotées par un montage aléatoire, et un sentiment de redite quant à leur originalité. Car le meilleur de la mise en scène réside bien souvent dans des re-créations des moments forts des deux premiers Predator, que ce soit dans les poursuites, les chutes, voire quand les créatures surgissent du néant ou font la pose avant de passer à l'attaque.

Mais ses moments (souvent rehaussés par une musique qui est aussi un pompage intégrale des deux premières BO !) apparaissent plus comme un voile servant à masquer un manque d'inspiration flagrante, la direction artistique étant aussi au diapason en ne faisant que rappeler ce que l'on avait vu auparavant. Si Robert Rodriguez est connu pour être un pasticheur de talent au savoir-faire bordélique, on pouvait lui reconnaître un minimum de passion et de sens de l'entertainment, choses qui sont quasiment absentes de ce Predators.

 

photo, Adrien Brody, Alice Braga

 

Pourtant il y avait de la matière avec son commando de tueurs aux talents multiples issus de milieux différents (un mercenaire anglais, une sniper israélienne, un serial-killer, un yakuza...) qui se trouve confronté à une menace et un environnement inconnus et qui vont devoir s'allier dans l'adversité. Ce qui faisait la force du film de Mc Tiernan résidait entre ces moments de silence, compréhensibles quand c'est un groupe aguerri qui est envoyé en mission, et les punchlines inévitables qui fait le sel du cinéma d'action hollywoodien. Mais ici, les bavards ont pris le pouvoir, très souvent pour répéter ce que l'on a compris depuis la séquence d'ouverture (et puis nous, on s'est déjà tapé tous les films précédents !). 

 

photo

 

Les personnages n'ont ainsi pas le temps de développer une véritable épaisseur psychologique et leur destin nous est vite indifférent. Entre Adrian Brody qui joue le fier ténébreux à la voix grave avec métier et Alice Braga crédible en militaire tourmentée, seul le côté excentrique de Topher Grace égaré dans ce jeu de massacre arrive à faire réagir de temps à autre par son interaction avec les autres caractères du groupe. D'autres sujets sont assez prestement évacués, comme le yakuza qui aura quand même son moment de gloire dans un joli duel mano à mano ou  Danny Trejo qui est passé faire un coucou avant d'aller bosser sur Machete. Mais le pire est atteint avec l'irruption de Laurence Fishburne (Nimrod Antal lui devait sûrement des sous depuis Blindés !) aussi injustifiée que vaine et qui plombe une bonne partie du métrage. Son interprétation devrait sonner comme un hommage au colonel Kurtz mais au final on est plus proche d'une parodie qui s'appellerait Predator Movie !

 

photo, Adrien Brody

 

Si meilleur il y a, c'est lorsque les Predators, dont une nouvelle espèce plus imposante à la face encore plus dentée, entrent en scène et défouraillent ou étripent à tout va, ou lorsqu'ils utilisent leur nouvelle vision thermodynamique. Mais il manque une certaine puissance aux empoignades pour que l'on reste scotché à son fauteuil. Même l'introduction des chiens-predators qui se voulait une originalité se réduit à un simple shoot'em up passablement torché qui plus est grandement affecté par des SFX numériques trop voyants. Quant à l'esquisse d'un soit disant conflit fratricide entre clans de Predators, on est plus en face d'un simple gadget narratif qu'à une véritable redéfinition d'un univers que l'on aurait aimé être plus fourni.

 

Affiche française

Résumé

Bien en-deçà des attentes espérées, ce Predators est au final victime d'un manque de parti-pris évident, entre hommage bien trop servile au film original et volonté d'ouvrir un espace qui n'est aucunement exploitée. Cela va être très dur de lancer une nouvelle franchise sur des bases aussi branlantes, mais comme Rodriguez a l'habitude de foirer un film sur deux, on peut avoir quelque espoir pour la suite.

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