Critique : Infectés

Vincent Julé | 27 mai 2010
Vincent Julé | 27 mai 2010

« Le meilleur film de virus de ces dernières années », qu'il dit Laurent Pécha. « C'est même devenu un genre à part entière. » Et il a raison le bougre : Daybreakers, Mutants, REC, Je suis une légende, Resident Evil, 28 jours plus tard ou tout Romero. Mais dans ces films, les infectés tournent au zombie, vampire, mutant, monstre ! Alors que dans le long-métrage des Espagnols Àlex et David Pastor, les infectés, bah, ils meurent. Lentement mais sûrement, dans le silence, la souffrance et la solitude. C'est là que le titre original Carriers prend tout son sens, et que la tagline française reprend très bien : « Plus dangereux que le virus : ses porteurs ».

Car il n'y aura aucune menace extérieure, peu de rencontres, pas de confrontations, et l'action tiendra plus de la déambulation. En choisissant non pas le centre-ville urbain et le huit clos, mais des routes désertiques et le plein air, le film impose immédiatement une ambiance de fin du monde. Et la manière dont le vide est constamment fait autour des quatre jeunes héros, le plus souvent par eux-mêmes, met mal à l'aise, oppresse et désespère. Le gouvernement n'aurait pu trouver meilleure campagne de prévention contre la grippe A - H1N1.

Masque, gants, bidon de javel... ils prennent toutes les précautions pour ne pas être contaminé, mais il ne fait aucun doute qu'ils le seront tous. Et ce qui intéresse alors les réalisateurs est cette rupture sourde, anti-spectaculaire, où le porteur devient infecté et où tous ses principes sociaux, enfin ce qu'il en reste, s'effondrent pour laisser place à la nature humaine, primaire. Il n'est déjà plus question de survie, ni de la peur de mourir, mais de la peur de mourir seul. Le regard et l'abandon des autres font alors plus froid dans le dos que n'importe quelle horde de zombies.

Ce qui avait tout du DTV de luxe se révèle au final un film de genre lo-fi, malin, inventif et intense, au casting de belles gueules dont la naïveté peut autant toucher qu'agacer, mais où trône un impérial Christopher Meloni de New York Unité spéciale. On lui doit la meilleure scène du film, marchant de dos, la plus terrible et la plus triste aussi.

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