Critique : Les Poupées du diable

Nicolas Thys | 19 août 2009
Nicolas Thys | 19 août 2009

Les poupées du diable est l'avant dernier film de Tod Browning, l'un des maîtres du cinéma muet, des artifices, du monstrueux et de l'angoisse. Plus connu pour l'inclassable Freaks et ses petits monstres et les films qu'il a pu faire avec Lon Chaney, l'homme aux mille visages, Browning s'amuse ici avec les effets optiques mais n'oublie pas non plus les  déguisements et multiples parures.

L'histoire de ces poupées, excellemment écrite, est une mine d'or pour le cinéaste qui s'en donne à cœur joie. Un homme miniaturise animaux et être humains et parvient à prendre le contrôle de leur esprit. Et comment ne pas s'émerveiller devant la beauté, le naturel et la puissance des effets déployés ici ? D'une simplicité alarmante et d'un réalisme déconcertant que nul aujourd'hui ne parviendrait atteinte avec une quelconque technique synthétique ou numérique.

Les poupées humaines, ou plutôt les humains miniatures vivent de la même manière que L'homme qui rétrécit de Jack Arnold ; et elles sont contrôlées de la même manière que John Malkovitch lorsque l'on pénètre dans son cerveau. Pourtant aucune porte, aucun mécanisme fantastique ou fantasmagorique. La croyance est naturelle et les chiens s'éveillent comme les jouets vivent pour les enfants. Le rêve est présent sans cesse depuis les premiers plans dans une forêt pratiquement expressionniste, à ces individus grimés comme la sorcière de Blanche Neige, ou estropiés ne songeant qu'à la part d'humanité qu'on leur refuse ou qu'ils ont perdu.

Et au final, on ne fait que songer à ces jouets dangereux comme à des inventions du diable. Mais le cinéma ne l'est-il pas ? Lui qui nous fait retomber en enfance et nous rend nos jouets et nos histoires incroyables l'espace d'une heure quinze. Et, film après film, jusqu'à ce petit chef d'œuvre, Tod Browning ne cesse de nous le rappeler.

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