Critique : Capitalism : A Love Story

Laurent Pécha | 24 novembre 2009
Laurent Pécha | 24 novembre 2009

Parfaitement rodé, Michael Moore signe ici ce qui est peut être son oeuvre la plus convaincante. Moins bouleversantque Bowling for Columbine , moins pamphlétaire que Fahrenheit 9/11, Capitalism : a love story se « contente » d'appuyer là où ça fait mal.

Cela fait plus de 20 ans que le père Moore martèle à quel point l'économie de son pays est sur la sellette même si de l'extérieur tout pourrait sembler magnifique.Dans Roger & moi en 1988, le réalisateur avait déjà mis à mal les pratiques de General Motors. Il n'a pas changé son fusil d'épaule et cette fois-ci, les faits lui ont malheureusement donné raison. Son film arrive ainsi à un moment plus que propice et Moore n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour nous convaincre et partager son désarroi devant un pays qui a échangé la démocratie pour la capitalisme.

Les détracteurs du bonhomme peuvent déjà préparer leurs attaques habituelles (manipulateur, réducteur, affabulateur,...) puisque la méthode Moore n'a pas changé depuis ses précédents films. On retrouve ainsi dans Capitalism : a love story lemême découpage mêlant avec roublardise images d'archives détournées (ça commence par un parallèle désopilant entre la Rome antique et l'Amérique d'aujourd'hui et ca continue par exemple avec un Jésusde Nazareth inédit où le Christ devient le porte-parole de Wall Street). On s'amuse des interventions parfaitement calculées pour déclencher les rires à l'image de cette séquence où Moore part à l'assaut des banques avec un fourgon blindé pour récupérer l'argent de ses concitoyens. On rigole nettement moins lorsque Moore va dans les familles des laissés pour compte de ce fameux système capitaliste censé permettre à tout le monde d'avoir sa part du gâteau. On découvre alors, horrifié, qu'une société peut s'enrichir de manière totalement indécente (plusieurs millions de dollars) sur la mort d'un de ses employés. Il est alors très loin le fameux rêve américain et Moore ne lui fait alors aucun cadeau.

Tous les coupables à ses yeux passent devant sa caméra et l'homme a de l'argument à revendre. Il parle, il démontre, il est là quand il faut (voir les images de la grève des ouvriers de Chicago). On le sent motivé comme jamais pour livrer son ultime bataille. Celle-là, il sait qu'il peut la gagner tant il est encore temps, à l'instar des ultimes moments du film, véritable cri d'espoir en une Amérique « Obamienne ». Et dans un dernier message le cinéaste, loin d'être dupe sur l'importance et l'impact réel de son oeuvre, nous adjoint à nous joindre à lui. Devant une machine aussi ravageuse, l'artiste ne peut effectivement rien faire seul. A votre bonne conscience, messieurs & dames !

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