Critique : Au voleur

Thomas Messias | 1 octobre 2009
Thomas Messias | 1 octobre 2009

Voilà bientôt un an qu'il nous a quittés, et Guillaume Depardieu n'a toujours pas disparu. Ni de nos coeurs ni des écrans de cinéma. En attendant la sortie de L'enfance d'Icare, le film sur le tournage duquel il a contracté sa pneumonie fatale, voici donc Au voleur, premier film plus que prometteur de Sarah Leonor (alias Sarah Petit). Comme dans Les inséparables, l'acteur y incarne un homme en marge qui ravit le coeur d'une madame tout le monde et la pousse dans ses retranchement pour mieux la révéler à elle-même. Le voleur du titre, c'est lui : de matériel hi-fi, de voitures, et finalement de sentiments. C'est ce que montre la première partie du film, à savoir comment ce type perpétuellement en fuite finit par trouver une forme de sédentarité dans les bras de cette jeune prof d'allemand au quotidien moyennement engageant mais à l'indéniable générosité sentimentale.


On l'a dit à chacun de ses films, et ce depuis des années, mais Guillaume Depardieu trouvait ici l'un de ses meilleurs rôles. Car, aussi blessé soit son personnage, il échappe à sa traditionnelle posture d'écorché vif et livre une prestation encore plus simple, plus humaine, mais pas moins habitée. C'est tout de suite plus simple quand on a en face de soi une comédienne de la trempe de Florence Loiret-Caille, dont on ne répète jamais assez qu'elle est déjà l'une des plus grandes actrices de ce début de siècle et qui ne cessera pas de le confirmer dans les années à venir. Regard noir et air fragile, innocence et érotisme : elle et son personnage ne font qu'un, créant une nouvelle fois l'émoi. La matière du film pourrait être d'une vacuité absolue que la superbe de ce duo nous le ferait oublier en deux secondes à peine.


Mais Au voleur n'est pas qu'un film d'acteurs, et confirme véritablement le talent de sa réalisatrice dans une deuxième partie absolument magnifique. Contraints de fuir pour échapper à la police, les deux amants se réfugient plus ou moins volontairement dans une campagne retranchée, boisée, traversée par de nombreux canaux et peuplée de quelques animaux. L'infinie simplicité du propos, qui tranche avec un cadre toujours plus affûté, est absolument stupéfiante, tout comme l'attitude de deux héros si heureux d'être à deux qu'ils parviennent à garder le sourire malgré le destin possiblement sombre qui les attend. Une promenade en barque, un bain d'eau froide, un repas sommaire au coin du feu et c'est l'idée même du bonheur qui jaillit, aussi éphémère soit-il. Transcendé par une direction artistique exemplaire (entre autres, la bande originale est à tomber), Au voleur est donc un petit coup de coeur discret mais sincère, à ne surtout pas rater pour qui souhaite encore profiter de Depardieu Junior sur grand écran.

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