Critique : Je l'aimais

Sandy Gillet | 4 mai 2009
Sandy Gillet | 4 mai 2009

Pour son troisième film en tant que réalisatrice, Zabou a décidé d'adapter un roman au titre éponyme d'Anna Gavalda qui commence a devenir pour le coup coutumière de la chose puisque Ensemble c'est tout qu'elle écrivit et publia avant Je l'aimais fut lui aussi transposé à l'écran en 2007 par feu Claude Berri. Si Zabou nous avait habitué jusque là à des histoires originales délimitant avec bonheur un univers qui lui est propre, elle a donc décidé ici de s'attaquer à une des œuvres emblématiques (pour ne pas dire un des auteurs) de ce début de 21ème siècle dans la littérature française. On sera tenté de dire que cela a un sens tant les obsessions de deux se rejoignent avec en point d'orgue la volonté pour chacune de gratter le vernis social afin de faire éclater l'humanité tapis en chacun de nous.

 

Le problème c'est que Zabou auteur (entendre par là scénariste originale de ses films) n'oblitère pas le reste non plus puisque ce même vernis peut aussi cacher des monstres d'intolérance et de cruauté alors que chez Anna Gavalda on cherche encore. De ce texte naïf mais empreint d'un fort ancrage dans la réalité, Zabou en tire un film un peu schizo à l'image de son duo d'acteurs. D'un côté Daniel Auteuil pas toujours convaincant et qui en fait même parfois des tonnes (personnage gavaldien au possible) et de l'autre Marie-Josée Croze toute en retenue mais toujours sur le point de craquer.

 

Ce mariage de l'eau et du feu donne donc un film d'Amour où il est question chez Gavalda de crise de la quarantaine non assumé et chez Zabou d'une tragédie grecque un peu surannée certes mais in fine très émouvante. On en oublierait presque le début assez convenu (voir comment rame la pauvre Zabou pour arriver au fil central de son récit) et une fin un peu décevante. Les langues les plus dures estampilleront ce film de bourgeois (version Cahiers du cinéma années Mao) les autres diront que l'on attend Zabou ailleurs que sur le versant de la contemplation facile de ses contemporains.   

 

Si son film finit tout de même par emporter le morceau c'est bien à ses seuls talents de metteur en scène qu'elle les doit entre caméra aérienne, montage invisible, lumières soulignant avec intelligence une émotion souvent palpable, le tout au service d'une histoire qui de souvent risible à l'écrit en devient tout simplement belle à l'écran. Sacré gageure, sacré bout de femme !

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