Les Vies privées de Pippa Lee : Critique

La Rédaction | 11 novembre 2009
La Rédaction | 11 novembre 2009

De l'écriture à la réalisation, il n'y a qu'un pas pour Rebecca Miller, fille et femme de, découverte avec son troisième long métrage, The Ballad of Jack and Rose. Les vies privées de Pippa Lee est ainsi une extension cinématographique de son propre livre, un moyen de continuer l'aventure avec cette héroïne si singulière. Pippa Lee, c'est un peu une desperate housewife comme on en connaît tant dans le paysage hollywoodien, organisant ses journées autour de son mari retraité et la préparation, en toutes occasions, de son fameux gigot d'agneau. En somme, rien de bien palpitant. Jusqu'à ce qu'une crise de somnambulisme et un paquet de cigarettes la sortent de cette torpeur dans laquelle elle était plongée.

 

 

Car, qu'on se le dise, Pippa Lee était loin d'être destinée à une vie bien rangée, elle qui vécue cent vies avant d'atteindre la majorité. La force du film de Rebecca Miller tient ainsi de cette contradiction, elle qui façonne un personnage type et plutôt insignifiant avant de fissurer peu à peu cette image trop parfaite. Comme un petit vernis bien trop propre qu'il suffirait de gratter. Mère névrosée, dépendante aux cachets en tout genre, séance de photos érotiques et amants d'un soir, Pippa Lee avait tout de l'adolescente borderline, prête à vivre dans l'insouciance et l'imprudence la plus totale. Loin de cette banlieue américaine où elle vieillit doucement.

 



Forte d'un sujet aussi passionnant que dense, Rebecca Miller fait preuve d'une ingéniosité sans faille quant il s'agit de sa mise en scène. Mêlant présent et passé dans un même plan. Ainsi, ce gâteau que Pippa amènera sur la table de sa famille arrivera en fait sur celle de son enfance, déclenchant dès lors la mise en image de ses souvenirs. Passant d'un univers aseptisé à un chaos organisé. Finement écrit, Les vies privées de Pippa Lee est aussi un formidable film d'acteurs, bénéficiant d'un casting plutôt chic et d'une direction de comédiens implacable. Car la libération progressive de cette femme passe avant tout par l'hallucinante performance de Robin Wright Penn, dont l'on redécouvrirait presque le talent. Elle qui semble, au départ, évoluer dans une bulle hermétique avant d'illuminer progressivement l'écran, accompagnant la renaissance de ce personnage particulièrement attachant. Et il faut la voir, entrer comme une ado de quinze ans par la fenêtre de Keanu Reeves, se faufiler discrètement dans son lit dans l'espoir de ne pas être repérée par les parents. La scène est à l'image du long métrage, touchante et drôle, sensible et pleine de vie. Un beau film sur la libération - féminine - qui donnera peut-être des idées à certaines, tant son sujet est universel.

Mélissa Blanco

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